samedi 27 juin 2009

[Tourne Disque] : The Mars Volta - Octahedron

Warner Bros/Mercury
23 Juin 2009
2/5












Après un disque bourré d’énergies violentes et de lignes tendues jusqu’aux cassures imprévisibles (The Bedlam In Goliath), les Mars Volta décident pour Octahedron de prendre une direction plus accessible avec un album plus aéré. L’intention est louable, ils essaient de se réinventer. Seul problème : ce qu’on aime justement chez les texans (et ce qui les rend si particuliers) est leur foutoir, non sens, excès et transe de la vitesse. L’album est donc rempli à moitié de ballades et à moitié de morceaux plus électriques. Sans tomber dans la médiocrité, le groupe déçoit dans les deux cas. On comprend vite que la notion de chanson dépouillée n’est pas compatible avec Mars Volta. En voulant composer des morceaux plus lisibles, ils tombent dans des travers pénibles, parfois proche du prog FM. Le chanteur Cedrix Bixler-Zavala est trop souvent en roue libre, avec ce chant de néo punk levant vaillamment le poing au ciel sur les morceaux rock, ou de diva soul trop lisse sur les ballades. Au niveau instrumental, Omar Rodriguez déçoit aussi, abusant de la reverb pour remplir l’espace sonore. Au lieu des arpèges infernaux auxquels il nous avait habitué, les guitares pachydermiques prennent place, évoquant plus At The Drive In que King Crimson. On a aussi perdu le souffle free de leur big band : les innombrables instants expérimentaux et inventifs qui regorgeaient dans les précédents albums se comptent maintenant en une poignée de minutes, comme emprisonnés dans les structures désormais classiques des chansons. Seule la gracieuse et voluptueuse Twilitht As My Guide s’en sort entièrement avec les honneurs (vocalises délicates, nappes floydiennes), contrairement à la mièvre Copernicus (avec en guise de fermeture des clipotis électro se déposant comme un cheveu sur la soupe). La demi-mesure ne semble donc définitivement pas leur correspondre, et il ne reste plus qu’à espérer qu’Octahedron soit un disque de transition. Il suffit par contre d’aller voir du côté de Cryptomnesia pour avoir sa dose annuel de Mars Volta bouillonnants, grâce à l’impulsion de Zach Hill.

François.

http://www.myspace.com/themarsvolta

lundi 8 juin 2009

[Bonus Tracks] : Grizzly Bear, Phoenix, Sonic Youth, The Horrors, Passion Pit

Grizzly Bear – Veckatimest
Warp
26 Mai 2009
4,5/5



Avec Veckatimest, le chouchou de Pitchfork s’impose comme un groupe au moins aussi solide que Radiohead. Grizzly Bear impressionne par la clarté de l’ensemble, de la pop de chambre lumineuse rêvant de grands espaces, en prenant à contrepied l’héritage de la musique folk sans la malmener, mais en proposant de nouvelles grilles de composition. Il est d’abord fascinant de voir à quel point le travail en studio est méticuleux, proche de l’orfèvrerie : de la composition, au mixage (3 longs mois), en passant par les arrangements, les quatre membres du groupe passent beaucoup de temps à façonner leurs chansons. Cette production admirable repose surtout sur une grande qualité d’écriture avec des structures imprévisibles, une utilisation inhabituelle (presque expérimentale) des instruments acoustiques, et des vocalises majestueuses et profondes. La lenteur générale des tempos en fait un album passionnant à explorer, car les instants de grâce ne se dévoilent pas instantanément. Chaque morceau contient des mini feux d’artifices (instrumentaux ou vocaux) qui viennent apporter des nuances d’une finesse rare. En témoigne Live With You, composé par Daniel Rossen, l’un des deux chanteurs principaux du groupe. Il illustre musicalement la notion de l’effort récompensée, avec une voix fatiguée qui s’effondre pour mieux s’élancer aussitôt sans que l’on s’y attende. A mille lieux des modes, Grizzly Bear livre, sans prétention mais non sans ambition, quelque chose de grand.




Phoenix – Wolfgang Amadeus Phoenix
V2 Records
25 Mai 2009
2/5



Le groupe qui incarne le mieux le romantisme de la French Touch avec Air, tend de plus en plus depuis It’s Never Been Like That (2006) vers une pop rock plus spontanée et sans artifices (pour ne pas dire conventionnelle). Derrière la trompeuse ambition démesurée signifiée par le titre de l’album, la musique de Phoenix est en fait très modeste, de l’indie rock très anglosaxon aux guitares vintages avec les touches électro en vogue. L’album typiquement cool à mettre en soirée, ennuyeux à écouter chez soi. On les a connus plus inspiré au niveau des mélodies (Alphabetical, 2004), car à part la magique Lisztomania, rien n’est très brillant, ni vraiment anecdotique. C’est le problème de ce disque un peu tiède. On peut louer leur tentative de voyage rétro futuriste de 8 minutes (Love Like a Sunset), malheureusement à côté de la plaque.




Sonic Youth – The Eternal
Matador Records
9 Juin 2009

3,5/5


Sonic Youth restera toujours un modèle d’intégrité dans la musique rock. Depuis leurs débuts au sein du courant no wave, leur vision du noise rock n’a jamais faiblit. C’est bien simple, depuis 1983, avec un rythme de publication d’en moyenne un album tous les deux ans, la qualité de leur musique oscille du chef d’œuvre radical (Confusion is Sex, Daydream Nation, Washing Machine, NYC Ghost and Flowers) au (très) bon disque de rock plus classique, aux fondations toujours solides. The Eternal ne constitue pas un changement majeur de direction pour le groupe, mais plutôt une évolution dans les nuances, avec un son de guitare plus rêche que sur les 3 précédents albums, et de notables nouveautés (les harmonies élévatrices de Leaky Lifeboat, la litanie rock de Massage the History). Malgré tout, au bout de 28 ans de carrière, ils restent les maitres du genre, loin devant toute la fatiguante vague shitgaze et revival shoegaze (Japandroids, Wavves, Pains of Being Pure at Heart etc, lire cet article pour en savoir plus).




The Horrors – Primary Colors
XL Recordings
21 Avril 2009
2,5/5


Si Primary Colors n’est rien de plus qu’un disque de rock passable et efficace qui n’apporte rien de vraiment neuf dans le genre post-cold wave (à côté de Poni Hoax, Editors ou Interpol), l’album vaut surtout pour son puissant et dernier titre: Sea Within a Sea. En 8 minutes, ils font rencontrer le style noir et glacial de Joy Division avec la transe Kraut de Can en concluant par de majestueuses boucles synthétiques évoquant le Portishead de Third (Geoff Barrow, producteur du disque, n’y est sûrement pas pour rien dans cette réussite). Ce n’est pas non plus révolutionnaire, mais ce melting pot moderne surprend agréablement à côté du contenu dispensable et déjà-entendu du reste de l’album.




Passion Pit – Manners
Columbia/Frenchkiss Records
18 Mai 2009
1/5


En un sens, Manners est un document complet et révélateur des pires tendances de l’indie pop de ces dernières années, où tics et maniérismes fluos sont condensés avec amplification. Pas vraiment des suiveurs dénués de talent comme les pathétiques Empire Of The Sun, les Passion Pit peuvent plutôt être vus comme le chainon manquant entre les Klaxons et MGMT. Il n’est pas question de cracher sur cette mode par pur principe, car des artistes comme Animal Collective (sur Merriweather Post Pavilion) ou Dan Deacon sont là pour représenter la face brillante de cette tendance (électro fluo, harmonies pop emphatiques, effets surchargés), grâce à de vraies bonnes idées de composition et une démarche de recherche qui consiste à se tourner vers l’avant plutôt que vers les années 80. En plus d'être trop criarde, le côté décomplexé de Passion Pit n'excuse rien.



François.

mercredi 29 avril 2009

[Bonus Tracks] : Sessions de rattrapages

Franz Ferdinand - Tonight
Domino
26 Janvier 2009

3/5



Myspace

Malgré l’ajout de nouvelles influences années 80, avec synthés, boites à rythmes et samples, Franz Ferdinand ne se laisse pas submerger. Leur efficacité rock’n’roll reste intacte, et même si on entend ci et là quelques maniérismes ou mélodies de mauvais goût, il est toujours difficile de leur reprocher quoi que ce soit, car ce groupe reste une grosse machine à tubes typiquement « cool ». En plus de cela, ils surprennent vraiment lorsqu’ils s’imprègnent d’influences africaines (Send Him Away), succombent à d’immenses refrains pop fédérateurs (le «
Wheeeeereeeeever you aaaaare » sur Live Alone) ou s’initient à des trips acides de plusieurs minutes (Lucid Dreams).


Fredo Viola – The Turn
Because Music
16 Mars 2009

2,5/5



Myspace

L’idée de départ est aguicheuse : une symphonie electro-pop influencée par les Beach Boys, essentiellement guidée par la voix multipliée de Fredo Viola, se laissant elle-même aller vers des charabias et autres onomatopées. On parle d’œuvre visionnaire, mais il suffit de réécouter un album de Bobby McFerrin pour se dire qu’il n’a rien inventé. Puis il lui manque encore de vrais qualités de composition en termes d’écriture de pop songs, qui restent encore trop faibles et imprécises pour être suffisamment aguicheuses. Bien sûr, le morceau d’ouverture a une puissance harmonique et vocale impressionnante, mais lorsqu’on découvre le reste de l’album, on a l’impression de s’être fait tromper sur la marchandise (c’est d’ailleurs le seul morceau, avec The Sad S
ong, qui évoque vraiment les Beach Boys). L’autre moment fort du disque est Ether, grand trip psychédélique (beat noise, notes répétitives de piano, violons dissonants, voix lointaine) qui évolue brillamment à la manière d’une histoire. Pour le futur, s’il pouvait s’engager sur l’une des deux voies avec autant de raffinement sur un album entier, ce serait l’idéal.


Clues – Clues
Constellation Records
18 Mai 2009

4/5



Extraits audios

Constellation, est, je ne vous le répéterais jamais assez, le label qui a enfanté pas moins de 3 groupes majeurs des 2000’s (Godspeed You! Black Emperor, A Silver Mt Zion, Fly Pan Am). Ces groupes ont chacun à leur manière réinventé des façons d’approcher le rock. Ici avec Clues
, leurs nouveaux protégés, aucune révolution n’est à déceler, ils n’officient dans aucune catégorie post-quelque chose. Et pourtant Clues est un excellent album d’indie rock concassé et accessible, où les références de spécialistes (post punk, no-wave, psychédélisme) sont finement injectées sans encombrement (contrairement au groupe Women, demandez à Emilien). Le rock est épique (Cave Mouth), les mélodies lyriques (Crows), les ballades cosmiques (In the Dream), et les chansons pop ont des airs de cabaret instable entre le joyeux et le dramatique (Perfect Fit). Un futur classique, assûrement.


DM Stith – Heavy Ghosts
Asthmatic Kitty Records
2 Mars 2009
3,5/5



Myspace

Le grand Sufjan Stevens nous dévoile un auteur quasiment sorti de nulle part, qui impri
me sur ce premier album un univers musical déjà très personnel. Heavy Ghost est un album hanté par des choeurs fantomatiques et une voix entre l’angélisme de Robert Wyatt et les suppliques de Thom Yorke. Le talent du bonhomme est sidérant, vu l’épaisseur des compositions : arrangements électroniques artisanaux aux sons organiques, et instruments folk habilement menés (piano, guitares acoustiques, violons). Si l’atmosphère lugubre de toute la première partie demeure délicieusement hypnotique, cette musique unique devient moins fascinante, suivant les sensibilités, lorsque l’ambiance devient plus légère (comme sur Fire of Birds, qui fait très « hippies dansant joyeusement autour du feu »).


Peter Doherty – Grace/Wasterland
EMI
16 Mars 2009

2,5/5



Myspace

Pete Doherty aurait donc sous cette apparence de rocker débraillé et incontrôlable une âme de poète. C’est du moins ce qu’il essaie de faire croire, et je n’irais pas vérifier plus longtemps si c’est artificiel ou non. Tout ce que j’en déduis, c’est que son essai de folk poétique est immédiatement séduisant, bien qu’imparfait. Au contraire d’un album mainstream bondé de featurings opportunistes, on a plus affaire à une poignée de chansons légères et humbles, qui s’accomodent très bien au chant nonchalant de Doherty. A côté des morceaux accoustiques, ce sont celles, orchestrales qui convainquent le plus (les magnifiques 1939 Returning et A Little Death Around the Eyes). Et c’est là où l'on reste lucide en se disant que le rocker a heureusement su s’accompagner de bons producteurs (Graham Coxon de Blur et Stephen Street).



Charles Spearin – The Hapiness Project
Arts & Crafts
10 Février 2009
4/5


Myspace

Le Hapiness Project est construit à partir d’entrevues que Charles Spearin (de Do Make Say Think) a tenues auprès de ses voisins, sur le thème de la définition du bonheur. Il en utilisa ensuite des extraits pour construire de vrais morceaux. A partir des simples mélodies accidentelles créées par leurs voix, il y créa de fabuleuses compositions pop de chambres (avec un véritable groupe de jazz) rappelant le Bad Timing de Jim O’Rourke. Au-delà du simple aspect conceptuel et de la technique savante nécessaire pour arriver à un tel résultat, cette quête de la musicalité de la vie de tous les jours est extrêmement touchante.



The Snobs - Albatross
Autoproduit
26 Mars 2009

5/5



Myspace

Il serait irrespectueux d’y consacrer seulement quelques lignes. Mieux vaux ne rien dévoiler ici, c'est tout ou rien. Je vous laisse donc languir d’impatience encore un petit moment, car une chronique en bonne et due forme y sera évidemment consacrée.
En attendant, vous pouvez le télécharger gratuitement ici.


Archive – Controlling Crowds
East West
30 Mars 2009

1,5/5



Myspace

Le groupe a été brillant, sur l’album de trip hop ténébreux Londinium (1996), catastrophique sur la pop FM de Take My Head (1999), et rassurant sur les quelques échappées psychédéliques de You All Look The Same To Me (2002) ou de Noise (2004). Mais là ce n’est plus possible. Avec l’arrivée depuis Lights (2006) de ce nouveau chanteur impersonnel, le groupe s’enfonce dans leur trip floydien de bas étage, plombé par une dimension conceptuelle pompeuse (l’album est divisé en trois « grands » mouvements). La noirceur recherchée n’a aucun effet, les essais hypnotiques ne fonctionnent pas. Un vrai groupe has-been (je déteste cette expression, mais ici je ne trouve rien de mieux) qui n’arrive pas à se renouveler.



El Grupo Nuevo de Omar Rodriguez Lopez - Cryptomnesia
Rodriguez Lopez Productions
5 Mai 2009
4/5


Myspace

El Grupo Nuevo est un supergroupe formé de membres de Mars Volta (guitare, chant, basse) et d’Hella (batterie, synth bass). Autant dire que pour les fans des deux groupes, pouvoir entendre le jeu minutieusement surpuissant de Zach Hill (un des meilleurs batteurs au monde, au passage), accompagner la guitare virtuose et dissonante d’Omar Rodriguez Lopez n’est pas une mince affaire. On est finalement assez loin des morceaux épiques à rallonges des Mars Volta. Ici tout y est concis, nerveux, aiguisé. Ces 35 minutes de décharges électriques vont droit au but, sans démonstration vaine. Le chant de Bixler Zavala flotte au dessus des acrobaties instrumentales du big band, avec des mélodies toujours impossibles et plus sobres qu’à l’accoutumée. Un grand vacarme rock qui m’impressionne par son jusqu’auboutisme extrême.



Dominique A – La Musique
Wagram Music
6 Avril 2009

4/5



Myspace

Accompagné sur ses précédents albums d’un groupe entier (sur L’horizon et pendant sa tournée cold wave, sacralisée par le merveilleux live Sur Nos forces Motrices), Dominique A revient à la composition en solo. Cela rappelle évidemment son premier album, La Fossette : chansons faussement minimalistes, boite à rythme omniprésente, quelques guitares et des claviers. Si le côté lo-fi faisait une des forces de La Fossette, la production moderne sublime ici les chansons de La Musique.
Si elles s'inscrivent dans une certaine tradition de la chanson française (la voix surmixée, l'inspiration poétique, le romantisme), elles évitent tous les clichés (dont la dérive variété). Dominique A, situé bien au dessus de ses pairs en termes d'inspiration, a trouvé l’équilibre parfait, entre des chansons confortables mais jamais monotones (touché par la grâce sur Dans l’Air ou Jsuis Fatigué), et d’autres plus radicales, d'inspiration anglosaxonne (les robotiques La Verité et Je Suis Parti Avec Toi, remplis de stridences électriques). La Matière, deuxième disque qui vient compléter l'édition collector, est encore plus passionnant que le premier, et fait de La Musique une vraie mine d’or.

François.

mardi 17 mars 2009

[Tourne Disque] : Animal Collective - Merriweather Post Pavilion

Label : Domino
Sortie : 6 Janvier 2009
5/5













Un huitième album en 9 ans, une popularité croissante, un son toujours unique, et ils arrivent de nouveau à nous prendre par surprise. Quittés momentanément par le 4ème membre et guitariste du groupe depuis 2007, les trois (Panda Bear, Avey Tear et Geologist) doivent techniquement s’adapter en délaissant les instruments pour avoir recours aux machines. Résultat : un ballet pop onirique (selon les propres mots d’Avey Tare), une ode aux harmonies multiples et aux chœurs en canons, un grand voyage étoilé. Ils inventent en un sens une nouvelle manière d’utiliser les machines, comme s’ils faisaient table rase de tout ce qu’il s’est déjà fait en matière d’électronique. Chaque morceau semble être une partie vitale de ce long corps animé de 54 minutes ; beats désarticulés, boucles abyssales, environnement sonore organique (vent, eau, brouhaha, onomatopées lointaines). Au dessus de ce monde électronique bien vivant, Merriweather Post Pavilion fait surtout la part belle aux chants d’Avey Tare et de Panda Bear, plus que jamais proches de l’extase harmonique. En se partageant pour la première fois l’écriture de l’intégralité du disque, ils apportent ce qui manquait auparavant au sein de toutes ces mélodies majeures emphatiques : une vraie mélancolie rêveuse (les superbes Also Frightened, Bluish, et No More Runnin). La musique du groupe ne brille pas seulement par son aspect hors-normes, mais par sa (relative) accessibilité malgré tout ce flot de bizarreries denses et complexes. Car au lieu de parler d’avant-garde ou d’œuvre visionnaire (c’est pourtant bien de cela auquel on a affaire), il faut surtout se rendre à une évidence plus essentielle : Merriweather Post Pavilion est un immense album pop.

François.

http://www.myspace.com/animalcollectivetheband
Extrait vidéo de l'album:
My Girls, la pop des années 3000

dimanche 4 janvier 2009

[Tourne Disque] : The Dead Science - Villainaire

Label: Constellation Records
Sortie: 2 Septembre 2008
4/5











Le label Constellation a été très présent en 2008. On en a beaucoup parlé, mais sûrement pas assez, car à lui seul, ce label Montréalais couvre une scène Art Rock facilement comparable à la scène allemande Krautrock des années 70 (exigence artistique, expérimentations, interdépendances entre les groupes). 10 ans après avoir lancé le groupe mythique Godspeed You !Black Emperor, l’actualité du label Montréalais a été plus que jamais animée. En plus d’avoir sorti un chef d’œuvre injustement boudé par la presse (13 Blues For Thirteen Moon d’A Silver Mount Zion) et un disque fort (Hello, Voyager d’Evangelista), Constellation souhaite se renouveller en s’ouvrant à des sentiers rock plus porteurs que d’habitude, avec Tindersticks, prochainement Clues en 2009 (avec un ex-membre d’Arcade Fire, morceau formidable à écouter ici), et l'album des Dead Science, sorti en septembre dernier (il n'est pas trop tard pour en parler).

Le rock théâtral de Villainaire déroutera forcément les habitués du label : des morceaux concis, un chant émodramatique très marqué et au centre des compositions, et, plus étonnant encore, un vrai solo de guitare (Wife You). Le principal obstacle à l’appréciation de la musique des Dead Science peut se révéler être le chant. Si l’on se bloque sur les trémolos à rallonge du vocaliste Sam Mickens, on s’installe automatiquement des œillères, empêchant alors d’apprécier les mille richesses noires qui jalonnent Villainaire. En considérant cela comme un parti pris artistique assumé participant à l’identité très personnelle du groupe, on s’ouvre à un univers menaçant et passionnant, où les morceaux prennent toujours une tournure accidentelle imprévisible, entre furie et douceur vénéneuse. Avec une section rythmique frénétique, des riffs cassés et des orchestrations brillantes, les Dead Science ajoutent au répertoire de Constellation un disque épique et subtil (les deux ne sont pas incompatibles), qui fourmille de détails et de mélodies vibrantes.

François.

http://www.myspace.com/thedeadscience
Extrait vidéo de l'album:

The Dead Science - Make Mine Marvel

dimanche 28 décembre 2008

[Le billboard du Mange Disque] : Bilans 2008



Les meilleurs albums


Emilien
1 A Silver Mt. Zion - 13 Moons For Thirteen Moons
Jamais ASMZ n'avait atteint un tel niveau d'intensité et de tension que dans cet album sec et désespéré, dans lequel chaque morceau est un hurlement d'une beauté incroyable. L'un des albums les plus touchants et puissants jamais fait. Les gens qui n'ont pas de frissons en écoutant Blindblindblind ont un coeur de pierre.

2 Final Fantasy - Spectrum, 14th Century/Plays To Please
C'est peut être un peu facile de regrouper deux e.p., mais ils sont tout les deux indispensables. On se demandait où Owen Pallett pouvait aller après le parfait He Poos Clouds, sommet de "pop de chambre" folle. Maintenant, on sait : encore plus loin.

3 Department of Eagles - In Ear Park
Avec presque rien et l'air de ne pas y toucher, le duo Department Of Eagles a sorti un album absolument magnifique. Compositions qui flottent dans l'air, baignées dans des arrangements d'une beauté inouïe. Voilà des gens qui ont compris ce qu'il fallait retenir des années 60 sans y rester. Lumineux.

4 Cheap Time - Cheap Time
Un groupe qui a parfaitement pigé la notion même de Rock & Roll. En 14 titres balancés nonchalamment et à toute allure, ils sortent l'album le plus jouissif de l'année. Le plus stupide aussi. Mais franchement, on s'en fout, c'est tellement parfait.

5 Parenthetical Girls - Parenthetical Girls
Peut être la surprise de l'année : voilà un groupe electro-folk-bizarre qui décide de se prendre pour Van Dyke Parks dans un album rempli de fougue et de violons délicieux, porté par un chant sensible et des morceaux mélodramatiques. Mine de rien, on a pas entendu de pop orchestrale aussi géniale depuis longtemps.

6 The Breeders - Mountain Battles
Album totalement à coté de la plaque, sorti d'une espèce de non-époque qui pourrait être les 60's comme 2042, Mountain Battles est un petit chef d'oeuvre bordelique et sobre qui nous rappelle que les soeurs Deal sont toujours capables de faire des morceaux tellement décalés qu'ils en deviennent les plus cools.

7 My Feet in The Air - Hoshi Mushi
Chaque année, des tas de gens nuls essayent de faire de la folk lo-fi mignonne et échouent. My Feet In The Air essaye ici pour la deuxième fois dans ce trop court e.p., et y arrive encore avec brio. Avec presque rien, tout un univers tient debout. Une perle.

8 Stephen Malkmus & The Jicks - Real Emotional Trash
Hé, Stephen Malkmus, t'es cool, et ton groupe aussi, et vous balancez les gros solos, et vous coupez pas les jams, et ça tape dur, et ça envoie méchamment, et puis soudain, paf, ça devient pop avec des choeurs pas possibles et on se dit "Hé, Stephen Malkmus, t'es cool, et ton groupe aussi, et..." (etc.)

9 Love Is All - A Hundred Things Keep Me Up All Night
Le rock indépendant? Non, c'est pas le reggae des "vampires du weekend", ou la pop façon méthode assimil de MGMT. Non, ce serait plutôt le crossover entre la pop moderne, le mur du son de phil spector et le post-punk-disco (sic) que Love is All continue a faire dans son deuxième album.

10 The Dutchess & The Duke - She's The Dutchess, He's The Duke
Il y a des passéistes absolument insupportables qui pompent les Beatles pompiers et qui nous font croire que c'est leur "grand retour". Y'a des types bloqués en 1966 comme The Dutchess & The Duke qui sortent d'excellents albums folk remplis de morceaux entêtants. Deux écoles.

Christopher
1 Man Man – Rabbits Habits
Du plaisir en boîte. Une ambiance de vieux tripot où les images se bousculent. Parfait de bout en bout.

2 The Mars Volta- The Bedlam in Goliath
C'est virulent, pétaradé, ça part en trombes !!

3 A Silver Mt. Zion – 13 Blues for Thirteen Moons
Cet album aurait pu aisément trôner en première place. On ne peut rien en dire, juste apprécier. On part dans l'iréel, l'intense, ça touche pile et droit au coeur.

4 Pas Chic Chic – Au contraire
Plus grande surprise de l'année. Originalité à toute épreuve, qualité incontestable, vivement la suite !

5 The Last Shadow Puppets- The Age Of Understatement
Une écriture incroyable, des orchestration dantesques. Des airs de vieux Westerns sous une pluie Londonienne. Illogique mais c'est ce que dégage ce magnifique album.

6 Phoebe Killdeer – Weather’s Coming
Une espèce de folk cabaret à écouter en boucle.

7 Guapo - Elixirs
Indescriptible.

8 Department Of Eagles – In Ear Park
Jamais ne remercierai assez Emilien pour cette découverte. On en aurait des envies de se mettre à la guitare et de monter un groupe.

9 Akoya Afrobeat – P.D.P
Album passé totalement inaperçu. De l'Afrobeat faite par des mecs venant du Nouveau Mexique, du Japon, de Taïwan...Sur 13 membres seulement 3 sont noirs, cherchez l'erreur...

10 Zach Hill - Astrological Straits
Un gros morceau que cet Astrological Straits. Son entrée dans mon top était compromise mais l'apocalyptique Necromancer ne pouvait le laisser hors de ma liste.

François
1 Portishead - Third
Une beauté noire intemporelle et bouleversante.

2 Man Man - Rabbit Habits
Nos boute-en-train les plus originaux et drôles de l'année.

3 The Last Shadow Puppets - The Age of the Understatement
Le romantisme des années 60 croisé avec le western spaghetti de Sergio Leone venant d'un Arctic Monkeys : pas un miracle, une révélation.

4 The Mars Volta - The Bedlam in Goliath
Une décharge d'énergie à la limite de l'acceptable, 100 idées à la minute, un excès d’aigus, toujours trop de notes : ils explosent les barrières du raisonnable.

5 Pas Chic Chic - Au Contraire
Une pop rétrofuturiste francophone : si si, ça existe (et l’album est enfin distribué en France à partir du 19 janvier 2009 par Differ-Ant).

6 Snowman - The Horse, the Rat and the Swan
Un son inclassable qui rend noble le rock dit « gothique ».

7 A Silver Mount Zion - 13 Blues for Thirteen Moons
Épique, généreux, humain.

8 Fuck Buttons - Street Horrrsing
Un des rares groupes sachant combiner bruit et volupté mélodieuse, entre Pink Floyd et Merzbow.

9 Marnie Stern - This Is It and I Am It and You Are It and So Is That and He Is It and She Is It and It Is It and That Is That
Une autodidacte et virtuose de la guitare pour une pop mathématique décomplexée.

10 Deerhoof - Offend Maggie
La musique déglinguée de Deerhoof n’aura jamais été aussi bien cadrée et profonde, et contre toute attente cela leur réussi finalement beaucoup.


Les pires albums

Emilien
1 Of Montreal - Skeletal Lamping
Je n'ai aucune envie de parler de cette merde plus que je ne l'ai déjà fait.

2 Mogwai - The Hawk is Howling
N'empêche, c'est en disant du mal de ce groupe pleurnichard qu'est Mogwai que j'ai eu le plus de commentaire sur une chronique. C'est aussi désespérant que le fait que ce groupe n'a pas encore splitté.

3 Women - Women
Je met cet album dans le top of the worst, mais avec lui, je vise aussi tout les sous-doués qui s'imaginent qu'il faut juste empiler des gimmicks vachement bizarres pour faire du rock un peu expérimental, alors que le tout sonne comme du sous-Deerhunter, qui sonne comme du sous-Liars, etc.

4 The Dead Science - Villainaire
Malgré ce qu'en dit François, Villainaire est un album proprement insupportable, qui en fait trop dans le trémolo outré et la musique terrifiée. Et c'est pas parce que le bassiste a aidé à faire l'album des Parenthetical Girls que je vais être gentil. Encore moins même, parce que ça prouve qu'ils sont pas idiots en plus!

5 Cat Power - Jukebox/Dark End Of A Street
Ah! Chan Marshall! Souviens toi! 2003! You Are Free! Immense monolithe de tristesse dépouillée! Depuis, tu t'es transformée en sous-chanteuse de soul qui couine sur des reprises paresseuses aux instrumentations façon ascenseur. Ce n'est pas grave. Je ne te blâme pas.

Christopher
1 Sébastien Tellier – Sexuality
Une demi-douzaine d'écoutes n'y feront rien cet album reste pour moi la plus grosse blague de l'année. Plat, arrogant, maladroit, chiant. Un dessous de verre tout au plus.

2 Bloc Party – Intimacy
Ce qui est bien avec les blagues c'est que ça se refile souvent entre potes. Apparemment Tellier a un peu trop traîné avec eux...

3 Foals - Antidotes
Entre mauvaise copie d'un Battles à la sauce glandu et tentative de faire quelque chose d'original en faisant croire que ça l'est mon coeur a balancé pour finir par vomir.

4 The Vines – Melodia
Enorme déception. On les attendait là où ils ne sont pas venus. On espérait qu'ils arriveraient à se renouveler. Triste à dire, et j'espère me tromper, les bonnes choses ont une fin.

5 Lenny Kravitz- It’s Time for a love Revolution
si javé u 13 an joré just di : LOL !

François
1 Guns N' Roses - Chinese Democracy
17 ans de gestations pour une bouillie de rock de stade: ça valait le coup d'attendre.

2 Bloc Party - Intimacy
Ce n'est pas bien de tromper les gens.

3 Mogwai - The Hawk Is Howling
Euh, c'est bizarre je suis persuadé d'avoir déjà entendu ça il y a 10 ans.

4 Pivot - O Soundtrack My Heart
On peut ne peux pas leur en vouloir d'avoir essayé, par contre il est nécessaire de les oublier.

5 Lenny Kravitz - It Is Time for a Love Revolution
Mais pourquoi?


Les meilleurs morceaux

Emilien (en vrac et sur des albums qui ne sont pas dans mon top)
Transformer - Marnie Stern
Tapping, voix aiguë crispante, batterie jouée par Zach Hill. Tout pour donner la nausée. Et pourtant, c'est jouissif, épique, bordelique, bref absolument brillant. Une grande chevauchée pop que rien n'arrête. Marnie, t'es la meilleure.

Dark Art - Zach Hill
Son album était plus indigeste que ce qui m'attend pour Noël, surtout dans son grand disque bonus "Nectromancer", gros jam onaniste de 33 minutes, mais au milieu de tout ça, il y a Dark Art, seul morceau réussi, et réussi avec un brio pas possible. Zach Hill, arrête de faire n'importe quoi et fait des refrains aussi parfait que celui là, pour qu'on chante avec toi "We didn't know what we thought we know! oh oooh ooooh! ahhhhhhhh"

Fresh Born - Deerhoof
Quoi? Moi, le fan ultime de Deerhoof, j'ai pas parlé de Offend Maggie? Oui, parce que l'album m'a un peu déçu et que je ne me voyais pas dire du mal de Deerhoof. Par contre, ça n'a pas empêché le groupe de sortir des morceaux parfaits comme ce Fresh Born.

Handy Man - Cheap Time
Hé, le tube ultime de rock de la décennie, c'est ce morceau là, je le dis comme ça en passant, histoire de.

Acid Mothers Temple & The Melting Paraiso U.F.O. - Planet Billions Of Light-Years Away/Circular System 7777777/Milky Way Star
Un riff de 6 notes : quasiment une heure de trip cosmique et de jams qui passent du disco au rock des étoiles. Jamais AMT n'a été un groupe aussi brillant. La, mi, ré, la, sol, do# (ad lib).

Christopher
1 Blindblindblind - A Silver Mt. Zion
C'est le genre de choses qu'on ne consomme qu'une fois, qu'on ne veut altérer. On les écoute comme une récompense. Pour moi ça a été la plus belle de l'année.

2 Sexual Eruption - Snoop Dogg
C'est avec le clip que ce morceau prend toute son ampleur. Comme je l'ai dit de façon aveuglée à François : "c'est le morceau le plus ouf de ces 5 dernières années mec". Pour moi Snoop a tout compris. Les 4 premières notes de synthé l'illustrent bien: dix ans de musique condensées en quelques secondes. Dommage que le reste de l'album soit poussif.

3 Ouroboros - The Mars Volta
C'est ce que l'on nomme vulgairement par l'expression : " une tuerie !"

4 Gobbledigook - Sigur Rós
Il y a quelque chose de physique dans cette chanson. Le rythme a des airs de battement de coeur, le chant des couleurs angéliques; le tout dans une espèce de cacophonie quasi organique. C'est vicéral ça vous prend aux tripes. Un grand regrêt: c'est le seul titre vraiment valable de l'album pour moi.

5 Crash-Pad Driver - Poni Hoax
On y verrait Joy Division réscussité.

François
1 Halfway Home - TV On The Radio
Une ouverture d’album tétanisante, faite de voix en onomatopées, d’un horizon de guitares froides et d'une avalanche de percussions brillantes.

2 A Song For Ellie Greenwich - Parenthetical Girls
Un modèle d’élégance hypnotique.

3 Boom! (Money) - Skeletons
Une sorte de transfiguration du National Anthem de Radiohead sur 11 minutes : cacophonie free jazz, guitares cisaillées et chant mélodramatique subtil.

4 Witch - Maps & Atlases
Les dignes voyageurs évoluant sur la voie toute tracée par Battles (dans un registre plus pop) se retrouvent peut être enfin là.

5 Necromancer - Zach Hill
30 minutes d’improvisation piano/batterie avec un Zach Hill au maximum de sa folie.


Les meilleurs concerts

Emilien
1 Otomo Yoshihide @ Maison de la Culture du Japon, Paris, 27 septembre
Trio guitare-contrebasse-batterie avec le génie de l'expérimental japonais, et paf, ça donne un live improvisé de 1h40 brillant et bruyant, qui croise le free-jazz et le noise-rock sans jamais perdre de vue les mélodies. Un exemple.

2 Acid Mothers Temple & The Melting Paraiso U.F.O. @ St Ouen, 19 novembre
L'expérience Acid Mothers Temple se vit en live. Or, on a peut être jamais vécu un trip ultime avec un groupe de rock avant de connaitre Acid Mothers Temple. Donc, voir Acid Mothers Temple en live est une obligation, un devoir, un pillier du rock, le truc à faire avant de mourir. Moi je l'ai fait. C'était ultime.

3 Lightning Bolt @ Maison de la Vilette, Paris, 29 novembre
Quand on réussi, comme moi, à être assis au premier rang à un concert de Lightning Bolt, sans être donc continuellement noyé dans la fosse, je vous le dit, on se rend compte que nous avons là deux très grands musiciens. Les nouveaux morceaux promettent un album dévastateur, aussi dévastateur que la version de Dracula Mountain qu'ils nous ont fait vivre dans nos tripes.

4 Parenthetical Girls + Deerhoof @Trabendo, Paris, 19 décembre
Une fameuse soirée. En dehors des groupes ultra nuls qui les accompagnait (je pense à Stanley Kubi), ces deux groupes ont été épatants. Révélation pour les premiers. Immense confirmation de la puissance live du groupe pour les seconds. Je n'ai jamais vu une heure de concert passer aussi vite qu'avec Deerhoof. Meilleur groupe.

5 A Silver Mt. Zion @ Bataclan, Paris, 11 novembre
En formation de combat, obligés de se dépasser pour pallier l'absence de deux membres du groupe, le groupe a donné un concert brillant, qui faisait honneur à leur merveilleux album. Le tout accompagné d'un Efrim qui a sorti quelques unes des blagues les plus drôles que j'ai entendues en live.

Christopher
1 Magma @ Théâtre Alexandre Dumas, Saint Germain En Laye, 5 avril
Ne dirais-je jamais assez que c'est le meilleur groupe de tous les temps ? Malgré un changement d'équipe Magma est toujours là; puissance, intensité, vivacité, maitrîse. Zheul !

2 The Mars Volta @ Olympia, Paris, 5 mars
Un concert fleuve. Jouissif tant sur le plan auditif que visuel. On en sort épuisé mais terriblement heureux !

François
1 Magma @ Théâtre Alexandre Dumas, Saint Germain En Laye, 5 avril
Trois départs précipités, un nouveau chanteur et un nouveau claviériste impressionnant (qui a appris le répertoire entier du groupe en quelques semaines) : Magma redouble de puissance.

2 The Mars Volta @ Olympia, Paris, 5 mars
3h non-stop d’intensité électrique.

3 Radiohead @ Bercy, Paris, 9 juin
Même si de gigantesques salles de concerts comme Bercy ne conviennent évidemment pas à la musique du groupe cérébral le plus populaire, ils arrivent par magie à nous le faire oublier.

4 The Snobs @ Courances, 23 mai
Idée géniale : jouer en live la musique de leurs courts métrages foutraques projetés devant le public.

5 Animal Collective @ L'Alhambra, Paris, 24 mai
Des voix lumineuses hallucinées sur de l’électronique artisanale : nul besoin de substances pour partir loin.


Les artistes du passé découverts cette année
(car ne l'oublions pas, "c'était mieux avant!")

Emilien
1 Daniel Johnston
Musicien de génie aux chansons brutes, il a sorti dans les années 80 une série de cassettes ultra lo-fi enregistrée avec presque rien qui sont des modèles de songwriting à fleur de peau. Son album "1990" sur lequel participent des membres de Sonic Youth est un chef d'oeuvre de tristesse profonde, composé par un type malade (bipolaire), obsédé par le diable et les Beatles, qui allait commencer une longue période en asile psychiatrique. Il tourne encore (il était à Paris en octobre, dans un live un peu chaotique mais génial), compose encore malgré tout. Un héros.

2 Pavement
Longtemps, Pavement a été trop cool pour moi, trop branleur, trop américain, trop fou, trop tout. Et puis un jour, j'ai compris. J'ai écouté Stereo, et j'ai parfaitement pigé pourquoi on dit autant de bien de ce groupe. Finalement, il faut croire la légende, le meilleur groupe de rock américain des 90's, c'est Pavement, tout simplement. Ecoutez Brighten The Corners ou Wowee Zowee, vous comprendrez. Enfin, plus rapidement que moi j'espère.

3 Tom Waits
Je suis longtemps passé à coté de Tom Waits. Un jour, j'ai écouté Small Change. Je me suis immédiatement rendu compte que je tenais là l'un des albums les plus beaux que je n'avais jamais entendu. C'est aussi simple que ça. La voix de Tom Waits est une bête blessée qui donnerait des frissons à une pierre.

4 Ground-Zero
Fondé par Otomo Yoshihide, ce génie, Ground-Zero était le fer de lance de la scène expérimentale japonais dans les années 90. A coté d'albums foutraques qui melaient noise rock, jazz hardcore et samples, le groupe a sorti deux chefs d'oeuvre qui méritent une écoute de la part de n'importe qui : Consume Red, grand Boléro hardcore de 57 minutes basé sur un seul sample de flute qui est une expérience de violence sonore monstrueuse. Et Revolutionnary Pekinese Opera, grand capharnaüm de samples et de bruits divers qui tient miraculeusement débout : peut être l'un des meilleurs albums expérimentaux jamais fait.

5 Randy Newman
Ce que je vous propose de faire, c'est d'écouter son album Sail Away et de se rendre compte que, dans les années 70, c'était un songwriter absolument immense, à la fois ironique, très très féroce parfois, mais qui pouvait sortir quelques ballades à pleurer. Randy Newman! Le mec de Toy Story ouais!

Christopher
1 Charles Mingus - The Black Saint And The Sinner Lady, 1963
Artiste cité dans toutes les anthologies du jazz mais inconnu pour moi. J'aurais juré qu'il était saxophoniste, il s'avère être bassiste. Album phare de l'artiste, The Black And The Sinner Lady est un incroyable tableau cinématographique où les ambiances sombres et tortueuses s'entremellent, basculant entre plusieurs époques, plusieurs continents.

2 Miriam Makeba – Miriam Makeba, 1960
J'avais toujours entendu parlé de la "Mama Africa" mais jamais je n'eu envie de me pencher dessus. C'est une réelle claque que j'ai pris. Une époque, une culture, un art; résumés dans 35 minutes de voyage.

3 Milton Nascimento – Milton, 1976
Découvert par l'album Courage, Milton surprend encore par sa voix, linéaire, monotone. Album avec des sonorités plus latines que Courage, et tout aussi agréable.

4 Millie Jackson – Caught Up, 1974
Sublissime soul épique

5 Frank Zappa - Absolutely Free, 1967 (et tout le reste).
La réelle découverte de cette année pour moi. Un bon mois à tenter de faire le tour de toute sa discothèque. Avec une cinquantaine d'albums à voir l'opération était quasi impossible. Zappa surprend par son originalité, son humour et sa virtuosité.

6 Machito – Kenya, 1957
Un jazz d'orchestre aux sonorités cubaines et africaines. Une ambiance de vieux club des années 20 : parfait !

7 Albert Ayler Trio - Spiritual Unity, 1964
Un des saxophonistes les plus surpennants que j'ai écoutés. Du vrai Jazz Modal. On y verrait Coltrane dans ses moments les plus torturés.

8 Sly & the Family stone – A Whole New Thing, 1967
Rencontre de la pop, du funk et du rock. Terriblement dansant.

9 Stevie Wonder – Innervisions, 1973
Je le conaissais par son Song In The Key Of Life, oeuvre démesurée par sa longueur, sa technicité et son originalité. Une boîte à tubes. Innervisions confirme quelques années plus tôt que Wonder aura marqué, si ce n'est tout, une très grosse partie de toute la musique R'n'B actuelle.

10 Leon Ware – Musical Massage, 1975
Aurais-je le culot d'affirmer que Marvin Gaye à complètement pillé dans son I Want You le Musical Massage de Leon Ware ? Oeuvre indispensable !

François
1 Brian Eno - Here Come The Warm Jets, 1973; Taking Tiger Mountain, 1974
Avant de s’attarder sur l’ambiant, il faut savoir que Brian Eno était avant tout un génie pop, créateur de deux albums visionnaire et jouissifs.

2 Leonard Cohen - Songs of Leonard Cohen, 1967; Songs of Love and Hate, 1971
Pure poésie plaintive.

3 Van Dyke Parks - Songs Cycle, 1968
Ce pourrait être la BO du Disney le plus psychédélique et dérangé qui soit.

4 The Slits - Cut, 1979
4 filles complètement déconnectées des conventions et sous LSD qui emmènent le reggae vers le post punk et la pop.

5 Boredoms - Super æ, 1998; Vision Creation Newsun, 1999
La transe japonaise au plus haut point.

6 Jim O'Rourke - Bad Timing, 1997; Halfway to a Threeway, 1999
Réduire ces albums à du John Fahey orchestrale et moderne serait grossier.

7 Tim Buckley - Discographie de 1966 à 1970
Une évolution passionnante, de la folk/pop des premiers albums à l’avant-garde chamanique de Lorca et de Starsailor, portée par cette voix chaude aux richesses infinies.

8 John Fahey - Fare Forward Voyagers, 1973
Deux mains et 5 cordes pour de sublimes paysages instrumentaux de 20 minutes.

9 Jesus Lizard - Goat, 1991; Liar, 1992
Difficile de trouver rock plus brutal.

10 Glenn Branca - The Ascension, 1981
Des murs de guitares dissonantes orchestrées sur une batterie martiale : la musique classique du rock.


Les plus grandes attentes pour l'année 2009

Emilien
1 Final Fantasy - Heartland
Je demande l'album le plus classe de la décennie, sinon rien.

2 Un nouveau jim o'rourke?
Hé, il parait qu'il est au travail et que c'était presque fini! En cet été, au Japon, il a rejoué des morceaux de ses albums pop (Insignificance ou Eureka)! Ce serait bien! Un album pop! Comme avant! Jim! Penses y!

3 Le nouveau Sonic Youth
Thurston moore a dit qu'il sortirait au printemps. Je serais pas contre un petit chef d'oeuvre.

J'écouterais aussi avec attention les nouveaux Animal Collective, Franz Ferdinand, Asobi Seksu. Et, évidemment, on pourra compter sur les gens qui sortent des tas d'albums tout les ans, comme Acid Mothers Temple (4 albums cette année), Jandek (5) ou Merzbow (7 en solo, sans compter les collaborations).

Christopher
1 Magma - Ementhet-Ré, 2009
2 Animal Collective - Merriweather Post Pavilion, 12 janvier
3 Michael Jackson - Grosse Rumeur, début 2009

François
1 Animal Collective - Merriweather Post Pavilion, 12 janvier
2 Franz Ferdinand - Tonight: Franz Ferdinand, 24 janvier
3 Beirut - March Of The Zapotech / Holland EP, 17 février
Et pour les sorties floues sans date officielle : Magma, Sonic Youth, Final Fantasy et The Mars Volta.

dimanche 21 décembre 2008

[Tourne Disque] : Stereolab - Chemical Chords

Label: Duophonic / 4AD
Sortie: 18 Aout 2008
4/5











Il est difficile de comprendre le peu de reconnaissance accordé hors des milieux underground à Stereolab, groupe anglais de pop motorik puisant savamment dans le krautrock et la pop sixities. Menée par le compositeur Tim Gane et la chanteuse Laetitia Sadier (aux textes aussi bien en français qu’en anglais), leur musique voluptueuse, raffinée et expérimentale, s’étale déjà sur une discographie évolutive de 9 albums dont 3 chefs d’œuvre (Transient Random-Noise Bursts With Announcements, Emperor Tomato Ketchup et Sound-Dust). Incompréhensible. Et ce Chemical Chords est une petite merveille. La production un peu bubble-gum de l'album précédent est délaissée, pour revenir aux fondamentaux avec des morceaux qui gagnent en concision et en simple beauté formelle.

C’est une des plus belles propositions pop que j’ai pu entendre cette année, faite par un groupe doué et humble, qui mériterait sa place dans le rang des groupes unanimement respectés à côté de Radiohead ou de Portishead. Les morceaux doucement psychédéliques s’accompagnent toujours d’un groove génial, de petites ritournelles électroniques et du chant élégant (trop souvent jugé de froid) et unique de Laetitia Sadier. Avec la contribution de Sean O’Hagan des High Llamas, les lignes multicolores et gracieuses des compositions se densifient avec de sublimes orchestrations romantiques. Seul Stereolab sait nous projeter dans l'époque bénie de la pop des années 60 avec invention et modernité.

François

Extrait vidéo de l'album:
Stereolab - Neon Beanbag

mercredi 17 décembre 2008

[Le billboard du Mange Disque] Albums 2008 : le Top des Blogs

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15 blogs, un classement de 20 albums par blog, 195 disques cités, quelques débats, et un article unique posté par tout le monde le même jour à la même heure... Nous sommes fiers de vous présenter le classement des meilleurs albums de 2008 vu par 15 blogs musicaux francophones.

L'idée était, non seulement, de confronter les points de vue de bloggers tous spécialisés dans la musique via des approches bien différentes (chroniques de disque, actualité, photos, interviews ou encore billets d'humeurs), mais aussi de réaliser un projet fédérateur afin de mettre en avant les interactions qui existent de plus en plus entre nous. Il en résulte une sélection de 15 disques. Certains sont une surprise, d’autres étaient plus qu’attendus, mais tous ont mérité leur place ici.

C'est la première fois que nous nous lançons dans une telle démarche. Comme tout classement, le nôtre est probablement imparfait et relève d'un consensus entre personnalités ayant des goûts très différents, mais comme les articles que nous postons chaque jour, il a été réalisé avec passion et honnêteté, sans jamais se prendre trop au sérieux. De par les différents bloggeurs qui l'ont composé, nous espérons qu'il aura du sens à vos yeux et qu'il vous permettra de refaire quelques découvertes. En espérant pouvoir remettre ça en 2009.

- Les 15 Blogs qui ont participé au projet -

Blog Culturel
Dans mon Mange Disque
Des Oreilles Dans Babylone
Force Critique
I left without my hat
J'écoute de la musique de merde
Good Karma
Le Choix de Mlle Eddie
Le Hiboo
Let's Be Critical
L'Oreille en Feu
Parlhot
Playlist Society
Pop Revue Express
The Man of Rennes


- Le Top des Blogs 2008 -

01) PORTISHEAD - Third


02) ALAIN BASHUNG - Bleu Pétrole


03) TV ON THE RADIO - Dear Science


04) MGMT - Oracular Spectacular
Oracular Spectacular cover

05) SIGUR ROS - Med sud i eyrum vid spilum endalaust


06) SHEARWATER - Rook


07) PONI HOAX - Images of Sigrid


08) BLACK MOUNTAIN - In the Future


09) DEPARTMENT OF EAGLES - In Ear Park


10) THE LAST SHADOW PUPPETS - The Age of Understatement


11) SANTOGOLD - Santogold


12) FOALS - Antidotes


13) THE MARS VOLTA - The Bedlam In Goliath


14) MAN MAN - Rabbit Habits


15) THE WALKMEN - You & Me


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- Les 20 meilleurs disques retenus par le Mange Disque -

1) A Silver Mt. Zion - 13 Blues for Thirteen Moons
2) Man Man - Rabbit Habits
3) The Mars Volta - The Bedlam in Goliath
4) Pas Chic Chic - Au Contraire
5) The Last Shadow Puppets - The Age of the Understatement
6) Department Of Eagles - In Ear Park
7) Marnie Stern - This Is It and I Am It and You Are It and So Is That...
8) Portishead - Third
9) Stephen Malkmus - Real Emotional Trash
10) Zach Hill - Astrological Straits
11) Final Fantasy - Spectrum, 14th Century
12) Cheap Time - Cheap Time
13) The Breeders - Mountain Battles
14) Snowman - The Horse, the Rat and the Swan
15) Phoebe Killdeer - Weater's Coming
16) Guapo - Elixirs
17) Fujiya & Miyagi - Lightbulbs
18) Love Is All - A Hundred Things Keep Me Up At Night
19) Fuck Buttons - Street Horrrsing
20) Sonic Youth - SYR 7

dimanche 14 décembre 2008

[Tourne Disque] : Parenthetical Girls - Entanglements

Label : Slender Means Society
Sortie : 9 Septembre 2008
4,5/5














C'était presque le rêve de Zac Pennington, chanteur et tête pensante du projet Parenthetical Girls. Après un premier album co-produit par le leader de Xiu Xiu, et très proche d'ailleurs de la scène électro-folk à fleur de peau de ce groupe, il a eu l'idée, en 2005, d'un album bien plus ambitieux, un véritable "Song Cycle", cela dans les deux sens du terme. D'un coté, se placer dans la lignée de pop orchestrale de l'album du même nom de Van Dyke Parks (qui le groupe a t-il mis dans une mixtape pour décrire les influences de l'album? Parks, voilà qui, je ne suis pas qu'un monomaniaque qui veut placer le nom de son chouchou partout). De l'autre, de réaliser tout simplement un "cycle" de chansons qui raconteraient une véritable histoire en formant un grand tout. Mais un projet pareil demande de l'argent et une certaine science de l'arrangement, ce que cet autodidacte n'avait pas. Préférant laisser tout cela de coté en attendant, le groupe a sorti entre temps en 2006 un album plus proche du premier, un peu lo-fi, un peu électro, un peu folk, nommé Safe As Houses. A l'issue de la sortie de cet album, couronnée de critiques très positives, le groupe a été rejoint par différents multi-instrumentistes et s'est alors à nouveau penché sur ce projet. Finalement, avec l'aide de Jherek Bischoff (du groupe The Dead Science), au bout de 3 ans de travail et de sessions avec des tas de musiciens, Entanglements était terminé. Un album ambitieux mais très éloigné du son habituel du groupe, que ce soit sur les précédents albums ou même encore aujourd'hui en live, ce qui désappointa certains fans obtus, ainsi que certains critiques qui passèrent rapidement à autre chose, parfois en se moquant de ces post-ado écorchés qui s'étaient poudrés de trompettes.

Erreur monumentale, Entanglements est un outsider démentiel qui mérite qu'on s'intéresse à lui, et vite, tant il est l'un des albums les plus beaux et les plus réussis de notre année finissante. Au niveau de la forme, sa très grande force, c'est la puissance de ses compositions appuyées par les arrangements denses mais délicats qui les magnifient. Dès le premier morceau, Four Words, on est emporté dans un tourbillon d'instruments lancés à toute vitesse. Les violons s'envolent, des vibraphones résonnent, le piano martèle des accords majestueux, une harpe égrène quelques notes venues du ciel, des petites flûtes naviguent dans l'harmonie, des castagnettes claquent, tout cela explose dans un carnaval de lumière à l'efficacité redoutable, même dans les territoires dangereux et parfois effleurés de la dissonance. Tout l'album se place dans cette beauté là, surannée mais distinguée, semblant venir parfois de la musique classique dans la forme, mais sans jamais perdre de vue l'aspect terriblement pop que peut prendre un orchestre, si tant est qu'on sache l'utiliser. Ce n'est sans doute pas un hasard si le groupe reprend le magnifique et déprimé Windmills Of Your Mind, morceau popularisé par Dusty Springfield aux USA mais co-composé à la base par le géant Michel Legrand (oui, le monsieur des Demoiselles de Rochefort, entre autres), qui était lui aussi un maître du refrain parfait baigné dans des instrumentations sophistiquées. On en vient même à penser à des compositeurs contemporains comme Gavin Bryars au début du morceau-titre, avec ses couches de cordes habilement composés, tout ça avant que le morceau explose dans une mini-symphonie jouissive. C'est dans ces moments épiques, ou quand les morceaux se lancent dans des ambiances façon Big Band 30's, comme dans le parfait Unmentionables, que le groupe se place clairement en digne successeur de Van Dyke Parks. C'est dans ces moments là que la conversion du groupe vers la pop orchestrale est la plus géniale et montre qu'ils ont tout compris, de la même façon qu'un Owen Pallett dans son projet Final Fantasy ; ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'on pense à son He Poos Clouds ou ses derniers e.p. en écoutant Entanglements.

Mais toute cette débauche de moyen n'est jamais vaine, et n'est là que pour contraster avec la tristesse qui habite toute l'oeuvre. On l'a dit, cet album était sensé raconter une histoire, et c'est justement là que Entanglements contraste avec l'image qu'on peut se faire de la pop orchestrale : en effet, les 11 morceaux parlent avec une violence invisible de sexualité adolescente, d'une histoire d'amour entre un garçon de 25 ans et une fille de 14 ans, de peines, de joies, de désir, de peur, parfois avec une certaine crudité. Construit en deux parties et décrivant le passage de l'adolescence à l'âge adulte, l'album évolue, et les morceaux prennent ainsi peu à peu un tour plus tragique, quasiment mélodramatique, mais en jouant avec subtilité avec le pathos. De la mélancolie souriante des premiers morceaux, on tombe rapidement dans des compositions sublimes et déprimées, comme dans le sublime Young Eucharists avec ses clavecins qui portent en eux toute la tristesse du monde quand ils appuient sur des accords qui prennent aux tripes. On est presque dans une ambiance funèbre dans Abandoning, et sur l'éblouissant final qu'est This Regrettable End, dont le titre est déjà explicite, on ne peut s'empêcher de penser aux compositions d'un Danny Elfman, à la fois magnifiques et tirant des larmes : en quelques accords déprimés, portés par des choeurs fantomatiques, les violons font frissonner, et l'on rêverait que cela ne finisse jamais. Il y a une simplicité et une universalité dans ces instants qui est précieuse et rare. Mais ce qui transmet totalement à l'auditeur toute la puissance émotionnelle de cet album, c'est la voix de Zac Pennington, véritable clé de voûte de l'ensemble. C'est quand elle s'envole dans des falsettos sur le fil du rasoir en plein milieu de mélodies incroyablement composées que l'album atteint son apogée. Souvent, elle tremble, elle vibre, elle se déplace entre le grave et l'aigu, entre délicatesse et envolées, mais elle appuie toujours quand il faut, soulignant toute la détresse des personnages qu'elle fait vivre. C'est peut être cela qui déplaira à certains, cette voix qu'on pourra trouver ridicule, ou trop maniérée. Mais c'est justement parce qu'elle porte en elle des émotions crues mais simples que l'album en est si touchant et si beau. Et c'est par la conviction de cette voix que l'on y croit, et qu'à aucun moment l'album ne tombe dans le larmoyant.

Voyage pour les tympans et véritable coup au coeur, l'album des Parenthetical Girls est précieux, tant il réussi son pari orchestral avec brio et sans jamais perdre les émotions brutes qu'il cherche à transmettre à l'auditeur. Qu'on y rit ou qu'on y pleure, les 32 minutes d'Entanglements sont absolument brillantes, puissantes et émouvantes. Un album à découvrir absolument. Le pathétique est rarement aussi sublime.

Emilien.

un lien : www.myspace.com/parentheticalgirlsband

Extrait vidéo de l'album :
Le clip de "A Song For Ellie Greenwich" (qui était une chanteuse pop des 60's pour mémoire )

Parenthetical Girls - "A Song For Ellie Greenwich" from judesays on Vimeo.

mercredi 10 décembre 2008

[Tourne Disque] : Made Out Of Babies - The Ruiner

Label: The End Records
Sortie: 24 Juin 2008
3,5/5





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Dès les premières mesures de The Ruiner, on se sent brusquement happé par la puissance sonique du quartet Made Out Of Babies. Ces musiciens ont le don, à la manière de Jesus Lizard ou de Dazzling Killmen, d’envoyer des blocs d’électricité lourds et imposants de façon unie, pour ravager l’auditeur tel un rouleau compresseur. Leur metal animal préfère trouver sa force dans une production à la fois ample et rêche, plutôt que dans les riffs véloces et lisses habituels au genre (d’où l’appellation journalistique de post-metal pour les qualifier). Mais c’est surtout la performance de la chanteuse Julie Christmas qui fait monter le groupe à des sommets d’intensité corrosifs. Sa palette vocale, d’une richesse saisissante, excelle aussi bien dans les cris écorchés que dans les complaintes plus mélodieuses. Comme me l’a très bien fait remarquer un des membres du groupe The Snobs, on pourrait facilement rapprocher le chant Julie Christmas à celui d’une Joanna Newsom en furie.

The Ruiner est un vrai parcours du combattant, une lutte acharnée entre les instruments amplifiés et les cordes vocales. Oui, ça gueule beaucoup, ça fait beaucoup de bruit, alors si on écarte les morceaux plus dispensables en ne retenant uniquement les 4 morceaux phares de l’album (Cooker, Grimace, Bunnys Boots, et How To Get Bigger), cela en fait un excellent EP dévastateur de 20 minutes.

François.

Extrait vidéo de l'album:
Made Out Of Babies - Cooker