Sortie : 8 Juillet 2008
1/5
La musique est, de base, une chose inutile. Au sens "n'est pas une chose vitale". On peut très bien vivre sans musique (ou, au pire, avec peu de musique) et c'est d'ailleurs quelque chose de très moderne que d'en écouter tout le temps. A l'origine, de toute façon, l'art est inutile, c'est à cela qu'on le reconnaît. Ainsi, dire qu'un album est inutile, c'est absurde, ça ne le différencie en rien de tout autre album rempli de musique inutile. Cependant, permettez moi ici de faire un abus de langage, et de prendre pour base hypothétique le fait qu'un album peut servir un petit peu à quelque chose, qu'il doit donner un certain plaisir à l'auditeur, et pour cela, doit offrir une musique "intéressante", que ce soit du point de vue de l'originalité, de l'efficacité, ou de quoi que cela soit. Une musique qui permet de dire à la fin "ah, j'ai pas perdu mon temps". Partant de là, je peux en revenir à l'affirmation qui m'intéresse : l'album Women du groupe éponyme est un album totalement, tendrement, tragiquement inutile.
Le jugement est peut être un peu dur, mais c'est le seul terme qui me soit venu après plusieurs écoutes très vides de ce premier album qui manque tout ses effets, toutes ses tentatives, tout ses morceaux. Cet album est profondément inutile car il échoue à tout les niveaux. Déjà sur la question de l'originalité. Ces types là ont clairement une discographie d'un goût exquis chez eux, ils ont du noise rock, de la pop, de l'expérimental sur leur iPod, ils sont ouverts et ils aiment bien les groupes un peu bizarres, ils ont tripés en live sur du Animal Collective, ils ont un tee-shirt bleu washing machine, ils faisaient du larsen à 15 ans. Bref, quel bonheur, on a un album de types malins, de mecs vraiment intelligents, c'est comme avoir France Culture dans sa voiture, on a moins l'impression qu'on conduit une voiture. Sauf que voilà, cet album est la nouvelle preuve - s'il nous en fallait une - que des gars super malins et avec qui on pourrait discuter pendant des heures à propos de la discographie de Sonic Youth ne sont pas forcement synonymes de types pouvant faire des albums réussis, bien au contraire. Women est un album qui se noie dans ses influences d'une manière assez terrible, en tentant tout au long de l'album de ressortir tout les gimmicks possibles de l'album pseudo-expérimental que nos musiciens connaissent par cœur. C'est un véritable catalogue : on a les batteries un peu primales qui tapent fort et en boucle, on a les voix pas très justes noyées dans l'écho pour se prendre pour Liars pompant This Heat, on a un morceau ambiant pour montrer qu'on peux aussi faire des trucs vraiment difficile même si on fait durer le morceau que 3 minutes (Woodbine, exercice complètement raté), on a des passages ultra noise pour montrer qu'on a peur de rien et qu'on sait faire grésiller un enregistrement, on a des guitares qui sonnent désaccordées comme celles du temps de la No Wave (January 8th), on a un morceau avec plein de notes pour montrer qu'on sait jouer de la guitare (Sag Harbor Bridge), cet album est donc une immense masturbation musicale, plein de tentatives d'être original qui ont toutes été déjà faites de manière beaucoup plus réussie par plein d'autres groupes bien meilleurs il y a pas mal de temps. Parfois, on cherche à mettre des passages pop pour être aussi surprenant que Wire en 1978, mais c'est raté, l'effet tombe à plat. Finalement, sur cet album, il manque uniquement des samples de gens qui parlent pour faire musique concrète et un morceau shoegaze, des trucs que les autres groupes nuls du même genre font aussi, mais je présume que c'est pour le prochain album.
L'autre échec de cet album, c'est aussi celui d'intéresser l'auditeur. A force de se complaire dans sa position de groupe crâneur mais gentil, on finit par bailler sans fin à l'écoute des pourtant courtes 30 minutes de l'album. Les morceaux sont soit beaucoup trop baclés (faire durer le Cameras d'intro sur 1 minutes semble vouloir dire "hé! hé!regardez! on enchaîne les morceaux comme ça nous! on est trop fort! vite! hop! hop hop!"), soit beaucoup trop longs (les 4 minutes du risible Upstairs qui tente de se finir sur une ambiance bizarre avec violons bizarres qui font des bruits bizarres, oui, pourquoi pas, et si vous aviez eu un saxophoniste sous la main, vous auriez aussi fait du free jazz c'est ça?). Et même quand on tombe sur des passages pas spécialement mauvais, on a surtout envie de rire ou d'écouter les orignaux. Il faut entendre le groupe se prendre pour les Beach Boys sur Black Rice, avec les même harmonies vocales, les mêmes vibraphones. Oui, c'est bien les garçons, vous n'apportez rien, c'est sympa. Mais là où le bas blesse, c'est que le morceau n'est pas un tube, n'est pas un grand morceau, n'a pas un refrain génial et finalement reste un morceau de plus sur un album de plus qu'on aura oublié bien vite. Le final de Shaking Hands est réussi aussi, mais en ce qui me concerne, c'est drôle, j'ai des amis qui m'ont fait écouter un morceau à eux l'autre jour qui finissait de la même façon, avec deux accords majeurs, des guitares qui gratouillent dans l'aigu et une batterie qui tape, le tout ad lib. Tout ce qui est raté ennuie à mourir et existe déjà. Tout ce qui est un peu réussi n'est pas marquant et existe déjà. Cet album est un genre de ready-made, sauf que les types font ça après Marcel Duchamp et après des types qui ont copiés Marcel Duchamp.
On se retrouve avec quoi au final? Et bien l'album le plus inutile de l'année, qui n'invente rien, ne trouve rien, un espèce de trou noir musical, un collection de sons qui vont dans tout les sens sans qu'on ait l'impression d'entendre des morceaux, comme si ce groupe ne savait pas vraiment ce qu'il faisait, qu'il cherchait où se placer, en faisant le tout avec un manque cruel de vie. Un groupe qui a sorti un album alors qu'il aurait pu tout aussi bien jeter l'ensemble à la poubelle. L'année dernière, l'album de Deerhunter pouvait déjà donner cette impression. Ici, c'est encore plus pauvre. C'est un peu comme si Women pompait Deerhunter qui pompe Liars qui s'inspire d'autres groupes. Un peu comme une grande famille consanguine du noise rock dont, à chaque génération, la progéniture est de plus en plus dégénérée. Et finalement, le plus terrifiant, c'est de se dire que, quelque part dans le monde, une bande de types va écouter l'album de Women, se dire qu'il est génial, et va former un groupe qui pompera Women, pour produire un album encore plus inintéressant que celui là.
Le jugement est peut être un peu dur, mais c'est le seul terme qui me soit venu après plusieurs écoutes très vides de ce premier album qui manque tout ses effets, toutes ses tentatives, tout ses morceaux. Cet album est profondément inutile car il échoue à tout les niveaux. Déjà sur la question de l'originalité. Ces types là ont clairement une discographie d'un goût exquis chez eux, ils ont du noise rock, de la pop, de l'expérimental sur leur iPod, ils sont ouverts et ils aiment bien les groupes un peu bizarres, ils ont tripés en live sur du Animal Collective, ils ont un tee-shirt bleu washing machine, ils faisaient du larsen à 15 ans. Bref, quel bonheur, on a un album de types malins, de mecs vraiment intelligents, c'est comme avoir France Culture dans sa voiture, on a moins l'impression qu'on conduit une voiture. Sauf que voilà, cet album est la nouvelle preuve - s'il nous en fallait une - que des gars super malins et avec qui on pourrait discuter pendant des heures à propos de la discographie de Sonic Youth ne sont pas forcement synonymes de types pouvant faire des albums réussis, bien au contraire. Women est un album qui se noie dans ses influences d'une manière assez terrible, en tentant tout au long de l'album de ressortir tout les gimmicks possibles de l'album pseudo-expérimental que nos musiciens connaissent par cœur. C'est un véritable catalogue : on a les batteries un peu primales qui tapent fort et en boucle, on a les voix pas très justes noyées dans l'écho pour se prendre pour Liars pompant This Heat, on a un morceau ambiant pour montrer qu'on peux aussi faire des trucs vraiment difficile même si on fait durer le morceau que 3 minutes (Woodbine, exercice complètement raté), on a des passages ultra noise pour montrer qu'on a peur de rien et qu'on sait faire grésiller un enregistrement, on a des guitares qui sonnent désaccordées comme celles du temps de la No Wave (January 8th), on a un morceau avec plein de notes pour montrer qu'on sait jouer de la guitare (Sag Harbor Bridge), cet album est donc une immense masturbation musicale, plein de tentatives d'être original qui ont toutes été déjà faites de manière beaucoup plus réussie par plein d'autres groupes bien meilleurs il y a pas mal de temps. Parfois, on cherche à mettre des passages pop pour être aussi surprenant que Wire en 1978, mais c'est raté, l'effet tombe à plat. Finalement, sur cet album, il manque uniquement des samples de gens qui parlent pour faire musique concrète et un morceau shoegaze, des trucs que les autres groupes nuls du même genre font aussi, mais je présume que c'est pour le prochain album.
L'autre échec de cet album, c'est aussi celui d'intéresser l'auditeur. A force de se complaire dans sa position de groupe crâneur mais gentil, on finit par bailler sans fin à l'écoute des pourtant courtes 30 minutes de l'album. Les morceaux sont soit beaucoup trop baclés (faire durer le Cameras d'intro sur 1 minutes semble vouloir dire "hé! hé!regardez! on enchaîne les morceaux comme ça nous! on est trop fort! vite! hop! hop hop!"), soit beaucoup trop longs (les 4 minutes du risible Upstairs qui tente de se finir sur une ambiance bizarre avec violons bizarres qui font des bruits bizarres, oui, pourquoi pas, et si vous aviez eu un saxophoniste sous la main, vous auriez aussi fait du free jazz c'est ça?). Et même quand on tombe sur des passages pas spécialement mauvais, on a surtout envie de rire ou d'écouter les orignaux. Il faut entendre le groupe se prendre pour les Beach Boys sur Black Rice, avec les même harmonies vocales, les mêmes vibraphones. Oui, c'est bien les garçons, vous n'apportez rien, c'est sympa. Mais là où le bas blesse, c'est que le morceau n'est pas un tube, n'est pas un grand morceau, n'a pas un refrain génial et finalement reste un morceau de plus sur un album de plus qu'on aura oublié bien vite. Le final de Shaking Hands est réussi aussi, mais en ce qui me concerne, c'est drôle, j'ai des amis qui m'ont fait écouter un morceau à eux l'autre jour qui finissait de la même façon, avec deux accords majeurs, des guitares qui gratouillent dans l'aigu et une batterie qui tape, le tout ad lib. Tout ce qui est raté ennuie à mourir et existe déjà. Tout ce qui est un peu réussi n'est pas marquant et existe déjà. Cet album est un genre de ready-made, sauf que les types font ça après Marcel Duchamp et après des types qui ont copiés Marcel Duchamp.
On se retrouve avec quoi au final? Et bien l'album le plus inutile de l'année, qui n'invente rien, ne trouve rien, un espèce de trou noir musical, un collection de sons qui vont dans tout les sens sans qu'on ait l'impression d'entendre des morceaux, comme si ce groupe ne savait pas vraiment ce qu'il faisait, qu'il cherchait où se placer, en faisant le tout avec un manque cruel de vie. Un groupe qui a sorti un album alors qu'il aurait pu tout aussi bien jeter l'ensemble à la poubelle. L'année dernière, l'album de Deerhunter pouvait déjà donner cette impression. Ici, c'est encore plus pauvre. C'est un peu comme si Women pompait Deerhunter qui pompe Liars qui s'inspire d'autres groupes. Un peu comme une grande famille consanguine du noise rock dont, à chaque génération, la progéniture est de plus en plus dégénérée. Et finalement, le plus terrifiant, c'est de se dire que, quelque part dans le monde, une bande de types va écouter l'album de Women, se dire qu'il est génial, et va former un groupe qui pompera Women, pour produire un album encore plus inintéressant que celui là.
Emilien
Pour les masochistes qui veulent subir ce groupe : http://myspace.com/womenmusic
Lien vidéo de l'album (non, ne me remerciez pas) :
Une version live (et encore plus molle que l'originale, ce qui est un comble) du morceau Black Rice :
2 commentaires:
Pire album de l'année so far.
AH NON PARDON.
J'avais oublié Scarlett Johansonn.
il est bien cet album !
hi ah oh.
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