Sortie : 7 Juillet 2008
3/5
Beck est un type fini. il a 38 ans, deux enfants, et ça fait 12 ans qu'il tente de faire mieux que son album culte Odelay, en échouant à chaque fois avec plus ou moins de dépit. Il a pourtant essayé de faire autre chose ; il a pompé Gainsbourg et Nick Drake sur Sea Changes, il a essayé d'être cool dans Midnite Vulture. Manqué. Il a pourtant essayé aussi de faire un peu la même chose qu'avant dans ses deux derniers albums. Rien de mémorable. Personne ne lui a dit qu'il ratait son coup à chaque fois, d'ailleurs ces albums n'étaient pas tous mauvais (au contraire), mais tout le monde se rendait bien compte que chaque nouvel essai était de plus en plus juste un de plus dans une discographie qui s'éloignait inexorablement du génie des premiers temps. Et puis soudain, le temps passe, et nous voilà déjà en 2008 et voilà que sort le huitième album de Beck, Modern Guilt, un album que personne n'attend, qui ne suscite aucune impatience, un album dont on se fout un peu en fait, produit par Danger Mouse qui produit n'importe qui, et avec Chan Marshall, fraîchement convertie en country girl qui fait bailler tout le monde, venue faire des choeurs qu'on entend même pas sur deux morceaux.
Je l'ai écouté attentivement cet album, en partant même d'un bon à-priori car je trouvais la pochette façon 60's assez classe. Mais après une première écoute bien sérieuse, j'étais incapable de dire si c'était moi qui avait écouté l'album ou si ce n'était pas plutôt l'album qui m'avait écouté tant celui-ci était timide, pas bruyant, gentiment mou, avec autant de goût que de l'eau plate. On sortait de ces très courtes 34 minutes en se demandant "oui et alors?", on ne voyait pas vraiment où Beck voulait en venir, on avait là une collection de 10 chansons peu mémorables, avec l'absence de tout ce qui pourrait ressembler à un tube de près ou de loin, on avait une énorme sensation de vide. Les chansons de Beck n'ont jamais tenues sur grand chose, mais on ne s'en rendait jamais vraiment compte. Ici, avec une réverbération peu avantageuse, voir même des samples mal gérés car trop évidents sur Gamma Ray, on entend le vide des chansons et on a l'impression d'une sobriété presque gênante venue d'un type qui faisait des albums foutraques et débordants d'idées. Comme s'il avait décidé de ne plus rien prouver, de ne plus rien essayer, Beck semble effectivement sonner pour l'une des premières fois de sa carrière plus comme d'autres personnes que comme lui même, il n'invente plus rien, il se laisse aller, il fait de la musique néo-shuffle-60's (le morceau titre), il fait des machins pseudo-expérimentaux façon Four Tet/Radiohead qui tombent à l'eau (Replica, pire morceau de l'album), il fait le cowboy stoner un peu caricatural (Soul Of A Man) ou bien il se prend pour Elliott Smith dans le Volcano final qui pâti d'arrangements peu inspirés.
Alors quoi? Assiste-on à une grosse fatigue déprimé de la part de l'ex-petit génie pop? Ou bien n'a on pas tout simplement là un album de transition? Il est intéressant de voir que Modern Guilt est le retour de Beck sur un label indépendant (XL Recordings, en dehors des USA), un fait qu'on aime bien -surtout nous autres qui écrivons des chroniques de disque- symboliser en un changement d'ère, le début d'un nouveau chapitre blah blah blah. Et, oui, vu comme ça, cet album n'est finalement pas le naufrage qu'il semble être au premier coup d'œil, se révélant être, après plusieurs écoutes, un album certes franchement bancal, mais finalement assez prometteur. Ayant besoin de refaire ses preuves après des années de paresse, le nouveau Beck qui revient, peut être plus mature et sérieux, peut être moins branleur, est en tout cas un musicien qui a changé, qui est devenu étrangement sombre, qui a évolué (un petit peu), et si cet album reste franchement inégal, il contient des morceaux qu'on pourrait même qualifier de brillants comme Chemtrails, étrange morceau lent au refrain hanté très prenant et au final complètement génial. D'une manière tout à fait inattendue, il parvient même à convaincre quand il offre des versions de quarantenaire (comprendre molles) de ses anciens morceaux (Orphans, ouverture manquant de pêche mais qui reste en tête malgré tout), restant le type cool qu'il a toujours été au fond, pour peu qu'on ne veuille pas à tout prix y chercher un nouveau Devil's Haircut. Derrière lui, la production de Danger Mouse est sobre, et se fond bien dans un coté néo-retro-moderne de type qui a la gueule de bois pas désagréable, donnant aux morceaux une couleur agréable et un coté familier.
On se retrouve avec un album bizarre au final, ne souffrant pas du coté trop long qui achevait ses précédents albums, mais n'ayant pas vraiment le temps de décoller. A mi-chemin entre une platitude du songwriting qui inquiète un peu, et une habilité à toujours réussir à faire d'excellents morceaux malgré tout, ce nouvel album est donc à voir alternativement comme un coup de pelle en plus du bonhomme pour s'enterrer et une large brasse pour essayer de remonter à la surface. Un album qui ne décide donc en rien du sort de Beck, mais qui est toujours meilleur que l'affligeant The Information que nous avions dû subir il y a deux ans. Envahi subitement d'une vague de bonté et de positivisme naïf à l'écoute de cette gentille tentative, comme un prof qui voit un élève en difficulté faire des efforts, le message qu'on aurait envie de transmettre au héros déchu des 90's est scolaire et simple : "Des résultats encore trop justes mais encourageants. Continuez comme ça".
Je l'ai écouté attentivement cet album, en partant même d'un bon à-priori car je trouvais la pochette façon 60's assez classe. Mais après une première écoute bien sérieuse, j'étais incapable de dire si c'était moi qui avait écouté l'album ou si ce n'était pas plutôt l'album qui m'avait écouté tant celui-ci était timide, pas bruyant, gentiment mou, avec autant de goût que de l'eau plate. On sortait de ces très courtes 34 minutes en se demandant "oui et alors?", on ne voyait pas vraiment où Beck voulait en venir, on avait là une collection de 10 chansons peu mémorables, avec l'absence de tout ce qui pourrait ressembler à un tube de près ou de loin, on avait une énorme sensation de vide. Les chansons de Beck n'ont jamais tenues sur grand chose, mais on ne s'en rendait jamais vraiment compte. Ici, avec une réverbération peu avantageuse, voir même des samples mal gérés car trop évidents sur Gamma Ray, on entend le vide des chansons et on a l'impression d'une sobriété presque gênante venue d'un type qui faisait des albums foutraques et débordants d'idées. Comme s'il avait décidé de ne plus rien prouver, de ne plus rien essayer, Beck semble effectivement sonner pour l'une des premières fois de sa carrière plus comme d'autres personnes que comme lui même, il n'invente plus rien, il se laisse aller, il fait de la musique néo-shuffle-60's (le morceau titre), il fait des machins pseudo-expérimentaux façon Four Tet/Radiohead qui tombent à l'eau (Replica, pire morceau de l'album), il fait le cowboy stoner un peu caricatural (Soul Of A Man) ou bien il se prend pour Elliott Smith dans le Volcano final qui pâti d'arrangements peu inspirés.
Alors quoi? Assiste-on à une grosse fatigue déprimé de la part de l'ex-petit génie pop? Ou bien n'a on pas tout simplement là un album de transition? Il est intéressant de voir que Modern Guilt est le retour de Beck sur un label indépendant (XL Recordings, en dehors des USA), un fait qu'on aime bien -surtout nous autres qui écrivons des chroniques de disque- symboliser en un changement d'ère, le début d'un nouveau chapitre blah blah blah. Et, oui, vu comme ça, cet album n'est finalement pas le naufrage qu'il semble être au premier coup d'œil, se révélant être, après plusieurs écoutes, un album certes franchement bancal, mais finalement assez prometteur. Ayant besoin de refaire ses preuves après des années de paresse, le nouveau Beck qui revient, peut être plus mature et sérieux, peut être moins branleur, est en tout cas un musicien qui a changé, qui est devenu étrangement sombre, qui a évolué (un petit peu), et si cet album reste franchement inégal, il contient des morceaux qu'on pourrait même qualifier de brillants comme Chemtrails, étrange morceau lent au refrain hanté très prenant et au final complètement génial. D'une manière tout à fait inattendue, il parvient même à convaincre quand il offre des versions de quarantenaire (comprendre molles) de ses anciens morceaux (Orphans, ouverture manquant de pêche mais qui reste en tête malgré tout), restant le type cool qu'il a toujours été au fond, pour peu qu'on ne veuille pas à tout prix y chercher un nouveau Devil's Haircut. Derrière lui, la production de Danger Mouse est sobre, et se fond bien dans un coté néo-retro-moderne de type qui a la gueule de bois pas désagréable, donnant aux morceaux une couleur agréable et un coté familier.
On se retrouve avec un album bizarre au final, ne souffrant pas du coté trop long qui achevait ses précédents albums, mais n'ayant pas vraiment le temps de décoller. A mi-chemin entre une platitude du songwriting qui inquiète un peu, et une habilité à toujours réussir à faire d'excellents morceaux malgré tout, ce nouvel album est donc à voir alternativement comme un coup de pelle en plus du bonhomme pour s'enterrer et une large brasse pour essayer de remonter à la surface. Un album qui ne décide donc en rien du sort de Beck, mais qui est toujours meilleur que l'affligeant The Information que nous avions dû subir il y a deux ans. Envahi subitement d'une vague de bonté et de positivisme naïf à l'écoute de cette gentille tentative, comme un prof qui voit un élève en difficulté faire des efforts, le message qu'on aurait envie de transmettre au héros déchu des 90's est scolaire et simple : "Des résultats encore trop justes mais encourageants. Continuez comme ça".
Emilien.
un lien? oui s'il vous plait : http://www.myspace.com/beck
Extrait vidéo de l'album :
En l'absence de tout clip pour l'instant pour le premier single Chemtrails, autant se consoler avec ce collage étrange d'une vielle vidéo psychédélique sur la chanson Gamma Ray :
2 commentaires:
T'es une bonne recrue toi, en fait.
Jolie critique. ça m'a donné envie de l'écouter, pour voir.
Bonjour,
Nous aussi avons chroniqué ce disque ici:
http://www.desoreillesdansbabylone.com/2008/07/beck-modern-guilt-2008.html
Musicalement,
Ju.
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