Sortie : 8 Juillet 2008
4/5
La peste soit des réactionnaires. Ils sont partout, nombreux et réunis, ces types qui ne jurent que par la musique d'avant. Avant quoi? Avant tout, avant l'ordinateur, avant le synthétiseur, avant la mort d'Elvis, voir même parfois avant l'avant. Ils rechignent sur toute la musique actuelle. Le dernier album qu'ils ont achetés était une réédition. Leur dernier concert? Une reformation. Et leurs albums préférés sont Revolver, Highway 61 Revisited et Pet Sounds, dans un élan d'originalité qui les caractérise. Les filles étaient plus belles dans les 60's, les chansons plus cool, les garçons plus fun, les soirées plus arty, les fringues plus classes, la vie plus facile. Ces types sont tellement braqués sur le passé que si ils étaient transportés comme dans leur rêve le plus cher dans les 60's, ils se mettraient à écouter de la country en crachant sur les guitares électriques et les cheveux longs. Parfois, les réactionnaires font de la musique. Ils font des reprises, ou alors des morceaux tellement pompés sur de vieux tubes que c'est quasiment des reprises. Dans le pire des cas, ils font des albums que personne n'écoute à part d'autres réactionnaires qui trouvent ça pas mal, mais moins bien qu'avant, évidemment.
A première vue, le duo américain The Dutchess and the Duke fait parti de ces gens là, et la sortie de leur premier album qui est garanti totalement non-original n'est qu'un énième disque vieillot de folk poussiéreuse avec un garçon et une fille qui chantent, ah la belle affaire, qui viendra moisir dans les bacs à soldes, si il atteint les bacs un jour. En plus, pour faire plaisir à tout le monde, ce disque est un peu lo-fi, enregistré dans un garage avec des petits micros sur un 8 pistes, avec pas de batterie, juste des harmonies vocales et des guitares acoustiques jouant des accords qui cherchent pas du tout à surprendre, avec des influences diverses (les Rolling Stones, Leonard Cohen, un peu de folk daté) mais qui ont toutes un point commun : elles datent des 60's. Couplez avec ça une pochette classe mais qui a piqué ses cartons chez Dylan en 1966, et c'est l'horreur, l'album qui semble se prosterner devant des influences évidentes.
Et puis finalement, l'auditeur septique est obligé de la fermer quand il entend ce Reservoir Park qui ouvre 30 minutes exemplaires de compositions géniales : un morceau sec, entêtant, avec un refrain tellement bien fait et tellement simple qu'on se demande pourquoi on l'a pas composé nous même. Y'a des claps, des maracas et tambourins, des harmonies vocales dévastatrices, des paroles tristes et faciles ("tell me what am i gonnaaaa doooo"), tout ces éléments déjà ressassés mais pas dénaturés : mini-tube instantané. Il en va ainsi pendant 10 chansons qui, de la valse aux morceaux pop mignons, ne tombent jamais dans une mollesse pourtant récurrentes dans les essais de ce genre et offre au contraire une fraîcheur qui convient bien à la saison. Chaque morceau est un petit moment formidable, un petit sourire familier, une petite mélancolie collective (I am just a ghost et sa coda formidable). Ce que nous rappelle She's The Dutchess He's The Duke, c'est qu'une bonne chanson reste une bonne chanson, qu'une mélodie imparable est intemporelle, et en se plaçant ainsi dans la descendance directe d'un genre qui semble parfois avoir tout dit, le groupe se place, certes, en décalage par rapport à aujourd'hui, mais sans pourtant perdre de sa modernité, en témoigne les paroles, certes assez classiques et déprimantes, mais avec des gros mots et des histoires qui rappellent que nous sommes en 2008 et plus du tout en 1966. Le tout, en plus d'être efficace et bien composé, donne à l'album une réussite indéniable : celle d'avoir fait un premier essai un peu paumé mais tout à fait hors du temps, qui n'est victime d'aucun stigmate de notre époque (vous verrez, on se marrera bien dans quelques années quand on réécoutera MGMT) et qui reste solide de bout en bout.
Alors finalement, oui, ces types là sont en retard, énormément en retard, en retard peut être de 40 ans avec cet album qui reste emprunt du charme suranné d'une folk qui n'est pas mort mais ne sent plus très bon. Mais nous aussi on se sent à la bourre de quelques décennies parfois, quand on écoute certains affreuses productions musicales actuelles après s'être fait un album du Velvet Underground. Alors bon, quand on est en retard en même temps, ça veut un peu dire qu'on est à l'heure non?
A première vue, le duo américain The Dutchess and the Duke fait parti de ces gens là, et la sortie de leur premier album qui est garanti totalement non-original n'est qu'un énième disque vieillot de folk poussiéreuse avec un garçon et une fille qui chantent, ah la belle affaire, qui viendra moisir dans les bacs à soldes, si il atteint les bacs un jour. En plus, pour faire plaisir à tout le monde, ce disque est un peu lo-fi, enregistré dans un garage avec des petits micros sur un 8 pistes, avec pas de batterie, juste des harmonies vocales et des guitares acoustiques jouant des accords qui cherchent pas du tout à surprendre, avec des influences diverses (les Rolling Stones, Leonard Cohen, un peu de folk daté) mais qui ont toutes un point commun : elles datent des 60's. Couplez avec ça une pochette classe mais qui a piqué ses cartons chez Dylan en 1966, et c'est l'horreur, l'album qui semble se prosterner devant des influences évidentes.
Et puis finalement, l'auditeur septique est obligé de la fermer quand il entend ce Reservoir Park qui ouvre 30 minutes exemplaires de compositions géniales : un morceau sec, entêtant, avec un refrain tellement bien fait et tellement simple qu'on se demande pourquoi on l'a pas composé nous même. Y'a des claps, des maracas et tambourins, des harmonies vocales dévastatrices, des paroles tristes et faciles ("tell me what am i gonnaaaa doooo"), tout ces éléments déjà ressassés mais pas dénaturés : mini-tube instantané. Il en va ainsi pendant 10 chansons qui, de la valse aux morceaux pop mignons, ne tombent jamais dans une mollesse pourtant récurrentes dans les essais de ce genre et offre au contraire une fraîcheur qui convient bien à la saison. Chaque morceau est un petit moment formidable, un petit sourire familier, une petite mélancolie collective (I am just a ghost et sa coda formidable). Ce que nous rappelle She's The Dutchess He's The Duke, c'est qu'une bonne chanson reste une bonne chanson, qu'une mélodie imparable est intemporelle, et en se plaçant ainsi dans la descendance directe d'un genre qui semble parfois avoir tout dit, le groupe se place, certes, en décalage par rapport à aujourd'hui, mais sans pourtant perdre de sa modernité, en témoigne les paroles, certes assez classiques et déprimantes, mais avec des gros mots et des histoires qui rappellent que nous sommes en 2008 et plus du tout en 1966. Le tout, en plus d'être efficace et bien composé, donne à l'album une réussite indéniable : celle d'avoir fait un premier essai un peu paumé mais tout à fait hors du temps, qui n'est victime d'aucun stigmate de notre époque (vous verrez, on se marrera bien dans quelques années quand on réécoutera MGMT) et qui reste solide de bout en bout.
Alors finalement, oui, ces types là sont en retard, énormément en retard, en retard peut être de 40 ans avec cet album qui reste emprunt du charme suranné d'une folk qui n'est pas mort mais ne sent plus très bon. Mais nous aussi on se sent à la bourre de quelques décennies parfois, quand on écoute certains affreuses productions musicales actuelles après s'être fait un album du Velvet Underground. Alors bon, quand on est en retard en même temps, ça veut un peu dire qu'on est à l'heure non?
Emilien.
ah oui, un lien ça alors : www.myspace.com/thedutchessandtheduke
Lien vidéo de l'album :
Le morceau Back To Me en live, morceau plus cool que la mort :
1 commentaire:
Cet album est fabuleux. En live, leur chanteur sonne moins Mick Jagger.
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