lundi 27 juillet 2009

[Tourne Disque] : The Fiery Furnaces - I'm Going Away

Label : Thrill Jockey
Sortie : 21 Juillet 2009
4/5











J'ai longtemps été un peu éloigné des
Fiery Furnaces parce qu'ils étaient trop prog pour moi. Ils faisaient des albums réputés brillants (François vous en parlerait mieux que moi), mais trop longs, trop complexes. Je ne suis pas assez intelligent pour ça, ni assez patient, et je ne suis pas le seul. Voilà pourquoi après avoir bien aimé leur "EP" qui n'en était pas un ("Single Again" reste un sacré tube!), j'ai totalement décroché. Mais nous voilà 4 ans plus tard, et après une pléthore d'albums qui m'ont fait peur (comme le double-album live interminable de l'année dernière, Remember - si c'est pas la preuve prog ultime ça!), I'm Going Away arrive comme un album plus "facile" de la part du duo, plus accessible. Et c'est très bien comme ça.


Voilà un album "à l'ancienne", c'est-à-dire un vrai album, une collection de chansons qui forment un tout cohérent au milieu duquel tout les morceaux sont parfaitement à leur place. Voilà un album qu'on écoute pas pour 4 très bons moments qu'on passe en boucle, mais pour 12 compositions réussies qui se suivent avec une fluidité trop rare de nos jours. Ça sonne comme un truisme d'avoir à rappeler ce qu'est un vrai album de pop music (car
I'm Going Away est définitivement pop, et c'est là sa force) un album pop d'après le modèle en vigueur depuis, disons, la fin des 60's, mais bon sang, pour une fois qu'un groupe semble l'avoir pigé, on est en droit de se réjouir et le défendre face à des armées de blasés.

La fin des 60's d'ailleurs, puisqu'on en parle, elle est présente dans cet album, et c'est tout à son honneur. Ça et les ambiances 70's offrent à cet album un certain charme rétro qui poussera les cyniques et/ou les rockeurs à qualifier cet album de
Soft Rock ou je ne sais quoi. Il y a effectivement de ça quand on entend les guitares électriques qui harmonisent dans l'aigu ou sont noyés dans une wah-wah terrible (je pense à "Keep Me in Dark"), certains solos outranciers, certains breaks de batterie à coup de grosses descentes sur les toms, ou le gros piano qui joue fort. Pourtant, il serait de bien mauvais foi celui qui oserait dire que cet album est passéiste, tourné vers une période. Je défie quelqu'un de me dire "ah oui, ça me rappelle tel groupe". Parce que les Fiery Furnaces sonnent comme personne. Ils ont ce penchant tordu et arty, inhérent à tout leur discographie, qui sublime ici le coté bigrement efficace des compositions sans perdre de son pouvoir d'hypnose. Je ne vous parle même pas d'idées qu'on entend directement, comme du fait d'accélérer le tempo pour passer de la ballade en un final gros rock sur "Drive to Dallas", même si ça en fait partie. Non, tout le reste, tout ce qui est caché derrière, tout ce qui est le suc même du groupe. Les arrangements curieux. Les structures bizarres. Les mélodies un peu inattendues. On pourrait croire que tout cela serait dénaturé dans un contexte plus pop-rock ; bien au contraire.

Ce qui est génial, c'est que
I'm Going Away montre à quel point ce duo est complémentaire. D'un coté, y'a le frère, Matthew, qui compose des morceaux prenants et riches sans avoir l'air de faire d'efforts (un album par an depuis 2003 tout de même!), mais il ne serait rien sans sa soeur - qui ne serait rien sans lui -, Eleanor, qui surplombe l'album avec sa voix absolument géniale et unique, que ce soit quand elle éructe des phrases interminables sur un "Cut The Cake", ou quand elle se révèle chanteuse rock sur "Staring at the Steepel". Le résultat est un vrai plaisir à écouter. Pour vous faire danser tout seul, y a des tubes impossibles comme le parfait morceau-titre (à la basse qui groove), ou le miraculeux "Charmaine Champagne" (auquel répond "Cups & Punches" qui a les mêmes paroles!) qui swingue plus que tout avec ses syncopes et son petit riff de piano, à coté desquels Eleanor lache des "pa pa pa" avec classe. Et puis quand il s'agit d'être plus posé, écoutez un "The End is Near" et vous verrez bien tout le talent mélodique de cet album. Parce que c'est surtout ça sa grande force : les mélodies. Ultimes très souvent. "Take Me Rounds" et son refrain qui rend heureux. La mélodie au piano de "Even In The Rain". C'est pour ça qu'il passe en boucle chez moi. Il est rempli de choses géniales à écouter, de petits trucs qui donnent envie de chanter fort, de passages ultimes qui font dire à chaque morceau "hé! c'est celui-là mon préféré!". Ce sens pop ne doit jamais être détaché des Fiery Furnaces. Jamais. Et il prend tout son sens ici, dans ces morceaux qui vous font chanter tout en restant intelligents.

Le duo a fait un album de
classic rock vous dites? Non, je ne crois pas. Ils ont fait un album inclassable et irrésistible. Non mais rendez vous compte! C'est un album homogène, réussi, assez posé et rempli de mélodies d'enfer sur des refrains super chouettes! C'est vrai que dit comme ça, on dirait que je parle d'un album sorti il y a longtemps.

Emilien.



Vous trouverez la vidéo de Charmaine Champagne en dessous de ce post, dans la rubrique Télégrammes! J'ajoute que les Fiery Furnacles sont en ce moment même en train d'enregistrer deux albums de reprise de I'm Going Away, un par membre. Les deux versions revisitées en solo sortiront en Septembre! On vous en reparlera dans le Mange-Disque, évidemment.

1 commentaire:

P.E. Geoffroy a dit…

Très chouette review qui me donne envie de le refaire tourner genre RIGHT NOW.