dimanche 2 novembre 2008

[Tourne Disque] : Love Is All - A Hundred Things Keep Me Up At Night

Label : What's your Rupture?
Sortie : 11 Novembre 2008
4/5









Dans le vivier pléthorique des groupes d'indie rock des 00's finissantes, Love Is All fait partie de l'élite. Leur premier album, c'était la pop 60's et le post-punk qui dansent ensemble, un ensemble de morceaux entêtants enrobés d'une production originale et avec plein de petits gimmicks rendant ce groupe reconnaissable au milieu des autres, que ce soit la présence d'un saxophoniste dans le groupe, ou la chanteuse avec son accent et sa manie de dire parfois les paroles plutôt que de les chanter. Et puis, il fallait une ironie formidable pour sortir un album où tout les morceaux se ressemblent un peu, et oser l'intituler, d'après les paroles d'un morceau, Nine Times That Same Song. Love Is All était donc le groupe le plus cool possible, et autant dire qu'après ça, quand j'ai appris qu'ils sortaient leur second album, je me suis tout de suite mis en condition. Comprendre : j'étais prêt à être déçu.

On le voyait venir de loin le coup du deuxième album qui ressemble trop au premier, avec des morceaux qui n'offrent plus les mêmes choses qu'avant, c'est de l'ordre du stéréotype. Love Is All a exactement fait ça. Le groupe est tombé dans tout les pièges. Dire du mal de cet album sans l'avoir écouté est facile, plein de gens vont le faire, il suffit de copier/coller des critiques envers n'importe quel second album décevant de n'importe quel groupe et de les mélanger avec d'autres du premier album. La production n'a pas bougée, c'est toujours le coté Wall of Sound lo-fi avec plein de pré-amplis dans lesquels les fréquences basses ont été supprimées, elle est juste peut être plus dense. C'est même pas la suite, c'est la version 2.0. Sauf que voilà la différence : le groupe s'en sort quand même avec brio. Ne me demandez même pas comment ils ont réussis ce tour de force, mais c'est le cas. Ils ont refait quasiment le même album, et il est bien. On ne se dit à aucun moment que c'était mieux avant. Au contraire, il est tout aussi réussi. Voir même parfois mieux quand on écoute certains morceaux! Bon sang de zut! Je ne sais plus quoi faire. Ils m'ont eus. Ils sont trop forts. Mes avis n'ont plus aucune valeur. Je suis décrédibilisé. C'est comme si j'aimais le dernier Oasis. Cette chronique va s'arrêter là, j'abandonne.

Non.
Attendez.

Je vais quand même dire pourquoi cet album est l'un des albums les plus amusants de l'année, de ceux qui ne laissent jamais tomber l'auditeur et qui seront toujours là pour lui remonter le moral. A Hundred Things Keep Me Up At Night, c'est son nom, est rempli de ces morceaux absolument géniaux qui ont un couplet qui vous fait secouer la tête de manière fort stupide (c'est pas grave, vous êtes tout seul devant votre écran) puis ensuite un refrain qui vous fait chanter en yaourt avec des chœurs parfaits, parfois un peu mélancoliques. C'est comme ça sur Movie Romance, un morceau qui peut ne venir que de gens qui ont tout compris au terme de pop. Idem sur l'immense Sea Sick que je vous met au défi de ne pas trouver addictif (non mais ces chœurs à la fin! et la rythmique façon we will rock you du refrain!). Tout fonctionne. Wishing Well n'est pas kitsch avec son refrain pourtant remplis d'orgues à la Blondie. Last Choice a une rythmique disco qui devrait rentrer à l'Unesco tant elle est pillée n'importe comment par tout le monde, mais tout ce qu'il y a à retenir c'est que le morceau passera en boucle sur votre iPod avec ses petits xylophones. Les ballades se prennent pour du Jesus & Mary Chain? Ce n'est pas un problème non plus. Rien n'est un problème ici. Ça passe. Parfois de justesse. Mais finalement, aucun morceau ne déçoit, c'est encore plus efficace qu'avant. Cet album est tellement rempli de fougue que rien ne l'arrête. Par honnêteté intellectuelle, je pourrais vous dire que tout de même, ça change pas beaucoup vraiment, y'a pas beaucoup de prises de risques, vraiment, là, ils ont pas fait leur Kid A, c'est toujours pareil, je pourrais dire "hé, bah, pour la peine, je met pas une bonne note, on se fout de nous, je refuse ça!". Mais franchement, franchement, je m'en fous tellement! Cet album est trop bon pour que je pinaille sur des problèmes qui ne piquent les yeux que quand ils viennent de groupes antipathiques.

Love Is All, c'est des copains. Si j'avais leur adresse, je leur enverrais des cartes postales pendant les vacances. Et ce nouvel album est, dans son genre, une prouesse, un petit chef d'oeuvre et l'une des choses les plus efficaces de l'année. C'est tout ce que je retiens.


NB pour les autres groupes de rock indépendant qui travaillent sur leur deuxième album après un premier qui a été applaudit par tout le monde : Love Is All est une exception. Ça n'arrive qu'une fois sur cent. Votre deuxième album à vous sera nul. N'essayez même pas. La prochaine fois, je le jure, je me ferais pas avoir.

Émilien.

Un lien : www.myspace.com/loveisall8

Lien vidéo de l'album :
Le clip de Wishing Well, fait par le groupe n'importe comment, en tournée, sur une plage.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je l'ai écouté une paire de fois, et je te trouve un brin trop généreux, je lui mettrais plutot 3, ou 3.5 en me forçant un peu, mais c'est vrai qu'il est marrant ce disque.