jeudi 14 février 2008

[Tourne Disque] : Sébastien Tellier - Sexuality

Label : Record Makers
Sortie : 25 Février 2008
1/5








Sexuality est un titre assez prometteur; encore faut-il assumer ce que l’on prétend. Tout de suite, un héritage séculaire me revient, Sexual Healing de Marvin Gaye, Sexuality de Prince... Espérons que Sébastien honore ses aïeuls.

Ça commence mal! Roche, le premier titre, sonne comme une blague, une grosse blague tant c’est caricatural. Le chant est mièvre, édulcoré, sur-léché; une sorte de RnB français mélangé avec ….avec je ne sais pas en fait; au point que certains ont osé (à tort ?) faire la comparaison avec du M.Pokora. Je me demande parfois si ce n’est pas volé. Mais ce qui surprend c’est que Sexuality va tellement loin, en fait tellement trop, et prend tellement les gens pour des cons que ça en devient à la longue intéressant, parfois même drôle. En témoigne le titre Pomme, qui se voulait apparemment sexuel mais qui n’a de ferme, rond et dur que sa basse, élément qui pour moi constitue l’unique intérêt du morceau.

Sexuality est kitsch mais pas dans le bon sens du terme. Il veut faire de l’ancien avec du vent. Un peu comme si on avait voulu greffer un moteur de Twingo dans la K2000 de David Hasselhoff. C’est comme ces vieux clips qui passent en rétrospective sur MCM. On est sur la plage, il y a un garçon, une fille, ils courent et ont l’air heureux. Un moment dans le champ apparaît une espèce de mec-à-mèche posant son « flow » sur des nappes de synthé en carton pâte. Et ça, Sébastien y arrive vraiment bien (Look). Le gros problème est que ça va deux secondes, 2/3 chansons, mais au delà ça en devient chiant, tellement chiant qu’on en vient à considérer l’album entier comme médiocre.

Sexuality me fait donc l’effet d’un soufflet. On appréhende beaucoup pendant la préparation. On le surveille dans le four toutes les 5 secondes. Puis à la sortie, ça retombe, c’est plat, l’intérêt n’y est plus. En fait ce qui me gène le plus c’est qu’en se voulant sexuel et chaud Sexuality sonne comme un album froid, inhabité, fantomatique dirait François. Une espèce de gros mensonge qui montre bien les limites de l’album, un pétard mouillé.

A la fin, une sensation de déjà vu, de trop vu, d’archi vu. On associe souvent Tellier à Cosma; Tellier rejoint son maître en cela que Sexuality pourrait être une bonne B-O. B-O d’un film qui, heureusement, n’existe pas.

Christopher.

http://www.myspace.com/telliersebastien
Extrait vidéo de l'album :
Sébastien Tellier - Sexual Sportswear

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, très bonne chronique!

on aurait tellement aimé que Sebastien Tellier fasse un bon truc... mais il n'arrive plus vraiment à surfer entre le sublime et le kitsch, comme il avait su le faire dans "sessions" album que je recommande à tous. surtout la piste 3.

quoi qu'il en soit, merci pour l'article, un peu moins abstrait que les autres dans la critique. Tu arrives très bien à cerner les faiblesses du morceaux, et sans mordre, tu les ridiculises gentiment.

Keep writing, vous deux...

Anonyme a dit…

Bonsoir,
Une question : pourquoi consacrer de l'énergie et de l'écriture à descendre un album que, visiblement, vous n'avez pas compris ? Qu'est-ce qui vous légitime, intellectuellement parlant, pour pointer du doigt un artiste et dire : ça c'est mauvais, ça c'est froid, ça c'est laid ? Il y a tellement de disques qui sortent, pourquoi ne pas jouer dans votre cour et parler de vos petits mickeys avec des gens de votre âge ? C'est un peu comme si, en toute ignorance, vous regardiez un film d'Antonioni et disiez : "quelle froideur ! quel néant !" Je ne comprends pas ce comportement de flic. Votre blog n'apporte rien à ce qui se fait en presse écrite, et est déjà stupide. Tout ce que vous croyez dénoncer, fait partie intégrante du projet de Sébastien Tellier, il faut donc donner à votre pensée un tour de vis supplémentaire, afin de voir les effets nouveaux, entièrement nouveaux, que le jeu mental élaboré de ce disque parvient à produire. Je vous donne un seul exemple : il y a des blocs, dans ces morceaux, qui évoluent les uns vers les autres, et ne se rencontrent pas. Soudain un élément mélodique, comme un personnage de dessin animé, semble s'apercevoir de là où il a mis les pieds, et rebrousse chemin à toute allure. L'auditeur se retrouve donc physiquement pris entre des mouvements contraires, dans une sorte de néant. Eh bien, je n'ai jamais entendu ça dans aucun disque, y compris dans des oeuvres de musique classique du 20ème Siècle qui se donnaient ça pour but. C'est terrassant, parfois terrifiant. Mais encore une fois : notre désaccord n'a aucune espèce d'importance ; ce qui est grave, c'est que vous vous permettiez de venir flinguer, en disant "C'est mal". Et dans une autre chronique, à propos d'un autre disque, vous direz : "C'est bien". Mais cela, ce n'est pas la critique. La critique cherche à comprendre les intentions de l'auteur, et les compare au résultat. Vous ne faites pas ce travail. Il va vous falloir grandir un peu, devenir plus généreux, et plus gentil. (Sébastien Tellier étant les trois : grand, généreux, gentil.)
Patrick

Dans Mon Mange Disque a dit…

A vous lire, il faudrait avoir une « évidente » crédibilité pour pouvoir parler d’un album ou d’une œuvre.
C’est une vision et une conception de la critique que je ne partage pas.
1/« pourquoi ne pas jouer dans votre cour et parler de vos petits mickeys avec des gens de votre âge »
Rien ne vous oblige, et encore moins moi, à venir lire notre blog, être d’accord avec nous et de surcroit nous répondre. Vous vous permettez d’émettre des réserves sur la façon dont nous utilisons notre temps et notre énergie à consacrer de l’intérêt (c’est notre droit) à une œuvre qui selon moi n’en a pas, permettez moi de vous retourner la même question en vous demandant pourquoi consacrez vous votre temps à répondre a des « jeunots » qui selon vos propos n’auraient aucune légitimité.
2/« Votre blog n'apporte rien à ce qui se fait en presse écrite, et est déjà stupide. »
Soit, vous êtes libres de penser ce que vous voulez, mais vous entendre parler de stupidité est assez…. Je ne trouve pas le mot, mais je pense qu’il se résumerait tout à fait dans votre phrase « Je ne comprends pas ce comportement de flic ».

3/ »Tout ce que vous croyez dénoncer, fait partie intégrante du projet de Sébastien Tellier »
Si vous le connaissez, nous serions ravis que vous nous mettiez en contact avec lui afin de pouvoir en savoir plus.

4/ »il faut donc donner à votre pensée un tour de vis supplémentaire, afin de voir les effets nouveaux »
En toute honnêteté je suis réellement confus d’avoir un cerveau au rabais, dépourvu de tout sens d’analyse et de facultés critiques. Cela doit être une mutation génétique subie par les nombreuses écoutes de l’album de Sébastien.

5/ « Je vous donne un seul exemple : il y a des blocs, dans ces morceaux, qui évoluent les uns vers les autres, et ne se rencontrent pas. Soudain un élément mélodique, comme un personnage de dessin animé, semble s'apercevoir de là où il a mis les pieds, et rebrousse chemin à toute allure. L'auditeur se retrouve donc physiquement pris entre des mouvements contraires, dans une sorte de néant. Eh bien, je n'ai jamais entendu ça dans aucun disque, y compris dans des œuvres de musique classique du 20ème Siècle qui se donnaient ça pour but. »

Bien que ça puisse paraître insultant, vous me faites « doucement » rire. Et votre considération sur l’œuvre classique du 20° et les œuvres modernes du 21° me…..me….je ne sais pas. Cela doit me faire rire encore….

6/ « ce qui est grave, c'est que vous vous permettiez de venir flinguer, en disant "C'est mal" »
Je vous invite à venir dans ma classe de CM2, la maitresse hier nous a appris à faire la différence entre « c’est mal » et « c’est mauvais ».

7/ « La critique cherche à comprendre les intentions de l'auteur, et les compare au résultat. »
Je ne connaissais pas le Dictionnaire « Patrick », permettez moi de vous donner la définition du Hachette (édition 2008 illustrée en plus, c’est plus facile pour lire !!!!!)
Critique : « Qui s’applique à discerner les qualités et les défauts d’une œuvre d’une production de l’esprit d’une personne ».

8/ « Il va vous falloir grandir un peu, devenir plus généreux, et plus gentil. (Sébastien Tellier étant les trois : grand, généreux, gentil. »
Oui. Nous sommes méchants, petits et avares. Haro sur nous.
Prenons tous exemple sur Sébastien !!!! YOUPIIIIIIIIIIII !!!!!

Patrick, je vous souhaite une bonne continuation…
En fait je rigole, allez déblatérer vos conneries ailleurs.
Merci quand même (et c’est sincère).

Christopher.

Dim. a dit…

Je rentre pas dans le débat j'en ai pas le back ground nécessaire mais moi j'ai kiffé cet album de Sébastien Tellier, comme les autres d'ailleurs.

On sent que ce mec n'est pas un musicien de plus quoi.

Anonyme a dit…

Parfois dans la vie, on peut se la jouer intello, se croire dans High Fidelity, s'imaginer qu'on entend des choses que les autres ne peuvent pas comprendre. Et effectivement, il n'y rien de meilleur dans la position de Rock Critic. Mais Patrick, soyons raisonable ici, il n'est quand même pas bien terrible ce nouveau Sebastien Tellier ! C'est impossible de nier qu'il sort ici des morceaux où n'est exploité même pas un tiers de son talent.

Super réponse Christopher, j'aurais pas répondu mieux.

François a dit…

Alors oui, son histoire de blocs sonores en mouvance, et d'auditeur pris entre des mouvements contraires...c'est un peu tiré par les cheveux. Ou alors il est impressionné pour pas grand chose.
Il y a de fortes chances que Patrick tombe dans les pommes le jour où il écoutera le Math Rock de Battles, du Animal Collective, ou le dernier The Mars Volta.

Connaissant bien le premier album de Sébastien Tellier (le génial "L'incroyable verité") et son travail sur la BO de STEAK, je pense également qu'il a énormément de talent, mais également beaucoup d'humour (trop?), qui l'a malheureusement conduis à flirter dangeureusement avec le kitch et le mauvais goût (même volontaires) sur cet album. Même si les qualités musicales de Sébastien Tellier restent évidentes sur Sexuality, il est normal qu'un tel disque divise autant, entre ceux qui adorent et ceux qui détestent (il n'y a pas de demi-mesures).

Anonyme a dit…

en fait, je crois que ceux qui ont déjà baisé l'apprécient beaucoup et se marrent bien. Les autres, bah, ils aiment pas, forcément, ça parle d'un truc qu'ils connaissent pas.

CQFD!

Non, je déconne, c'est trop bas comme attaque...
ce qui est sur, c'est que c'est pas son meilleur, mais faut quand même lui reconnaitre d'indéniables qualités. Mince, je vois pas pourquoi l'amour et la violence, vous trouvez pas ce morceau sublime.

Puis je reconnaitrai une qualité à la critique de la critique, c'est vrai que vous êtes beaucoup trop froids de manière générale dans vos chroniques, en utilisant des termes et concepts un peu trop abstraits, type bistouri un peu sadique, dans votre manière d'aborder les albums.

Faudrait voir à avoir un esprit plus synthétique, à laisser les albums respirer entre eux, et pas à taper un à un sur chaque morceau.
Je comprends un peu cette irritation de l'autre, quand il dit que votre blog sert à rien. Non pas que je le rejoigne, mais c vrai que votre critique est souvent stérile, et manque de subjectivité pour un blog, et pour la musique. On a l'impression que vous passez à coté de certains trucs, parce que vous la jouez puriste. Faut pas oublier de communier un peu à chaque oeuvre au pouvoir de la divine musique hein? Faut pas oublier que votre chronique, aussi précise et choisie soit elle, ne vaut pas un millième du travail des musiciens!

http://fr.youtube.com/watch?v=1kPYc5ReVcU

Allez vous marrer en écoutant Tellier. Quand bien même c'est du marketing, ca vous mettra peut être un peu plus avant dans l'album, et c'est le principal avec ce cd. Il faut en jouir!

j'ai une question aussi. Est ce que vous êtes musicien?

merci!

François a dit…

Nous avons un enregistrement au piano joué par Christopher, un ami et moi même, publié sur Youtube. A vous de faire votre critique!!

http://youtube.com/watch?v=huEHraBWBhE