dimanche 30 août 2009

[Télégrammes] : Semaine du 24 au 29 Aout

Massive Attack redonne enfin signe de vie, et pas des moindres. Le groupe reviendra pour la première fois depuis 2001 sous sa formation presque complète (3D et Daddy G, sans Mushroom) avec la sortie en février 2010 de leur cinquième album. Pendant cette éternelle attente, on aura la chance dès le 5 octobre de découvrir l'EP Splitting The Atom. La chanson titre, dévoilée à la BBC radio 1, est écoutable ci dessous. La soul moderne de ce morceau est fascinante. Comme pour Portishead en 2008, la profondeur et la froideur lancinante de cette musique m'évoque un retour naturel et non opportuniste pour ces revenants du Trip Hop (et pourtant cela ne sonne justement pas comme du Trip Hop, c'est la meilleure surprise).



Après sa collaboration avec Air, Jarvis Cocker et Neil Hannon en 2006, Charlotte Gainsbourg continue sur sa lancée en travaillant cette fois ci avec Beck. Ce dernier a co-écrit les paroles, composé, produit et mixé l'album IRM, destiné à sortir en Janvier 2010.



Pour ceux qui aime la pop orchestrale des Last Shadow Puppets, sachez que Miles Kane, qui y est pour beaucoup dans la réussite de l'album, avait enregistré dans l'ombre de ce projet parallèle un excellent album de pop sixties psychédélique l'année dernière avec The Rascals. Malheureusement, il vient de quitter son groupe. Heureusement, il compte poursuivre une carrière solo.


Rien de bien surprenant, les frères Ghallager se sont battus hors scène lors du festival Rock en Seine, causant l'annulation du concert et la fin d'Oasis. Ne pouvant plus supporter de travailler avec son frère, Noel Gallhager aurait quitté le groupe, pour le bien de tous: "It's with some sadness and great relief to tell you that I quit Oasis tonight. People will write and say what they like, but I simply could not go on working with Liam a day longer."

François.

dimanche 23 août 2009

[Télégrammes] : Semaine du 17 au 22 Aout

Le duo américain basse/batterie de noise rock Lightning Bolt enverra au placard une fois de plus les groupes à la Wavves et No Age avec la sortie le 13 octobre de leur nouvel (et cinquième) album Earthly Delights. Pour les plus impatients, pas de panique, sachez que les membres du groupe prédisent une fuite de l'album sur internet pour très bientot : "la fuite digitale d'Earthly Delights devrait apparaitre sur internet le......hmmm, disons, vers le 31 aout prochain? début septembre? à vous de me le dire".



Les post rockeux Do Make Say Think de chez Constellation ont apparemment encore des choses dire. A vérifier le 20 octobre avec l'album Other Truths : 4 titres, et une magnifique pochette.



Le multi-instrumentiste Geoff Barrow de Portishead nous révèle son appartenance à un groupe parallèle nommé Beak> (avec Billy Fuller et Matt Williams de Bristol). Comme ils n'ont pas besoin de faire monter un quelconque buzz en faisant patienter les fans, l'album éponyme est déjà terminé (enregistrement dans une seule pièce, pas d'overdub, écriture des compositions en 12 jours) et est attendue pour le 19 octobre. Le très kraut I Know est écoutable ici.



Kraftwerk, un des groupes allemands des 70's les plus influents dans le monde de la pop électronique publiera en octobre la remasterisation de tout leur catalogue studio dans une box appelée 12345678: The Catalogue. Heureusement, il sera aussi possible de se procurer les géniaux Radio-Activity (1975), Trans-Europe Express (1977) et The Man Machine (1978) individuellement.

François.

[Tourne Disque] : What's Up – Content Imagination

Obey Your Brain
22 Juin 2009
3/5












Plus qu’une réelle pseudo année-musicale-de-merde je pense que 2008 nous avait fatigué tellement elle était bonne. Ayant repris du service avec la ferme intention de ne plus me tenir à ma mauvaise foi habituelle j’ai tenté, avec précaution, de réhabituer mon oreille à l’aventure et à la découverte.

Avec pour uniques albums de chevet et de métro le parfait Hold Your Horse Is de Hella et l’intégrale des Jackson 5 il était difficile de me réhabituer au nouveau.

Les choses commencent bien avec le finalement correct Content Imagination de What’s Up. « Finalement correct» car j’ai mis plus de trois semaines à écrire la présente chronique. En réalité plutôt deux jours à me prendre la tête face à ce casse tête qu’est Content Imagination.

En effet, pris dans ma lubie associant à tout ce que j’écoute le mot math j’ai été en premier lieu séduit par cette musique impulsive et en apparence facile d’écoute mais qui s’avère beaucoup plus hermétique sur la longueur.

Entrée en matière plutôt hasardeuse avec le très bancal Yes qui m’a fait pensé l’espace de deux secondes être en plein milieu de l’entracte d’un match de la NHL avec Charly Oleg aux clavier se lançant dans une improvisation soupe au lait.
Seasoning’s Greeting vient sauver la baraque qui commençait à prendre l’eau. On assiste à une succession d’impulsions donnant l’impression que l’arpégiateur serait lui même samplé. C’est très simple en surface et très efficace. Une atmosphère assez spatiale se dégage de ce morceau, quelque chose de stellaire. A certains moments on croirait les soubresauts du batteur se confondre avec des relans Magmaiens, laissant entrevoir un Vander au sommet de son art en pleine époque Attahk.

En fait cet album a comme gros désavantage d’être très inégal ; on oscille entre certains moments vraiment Math et catchy avec par exemple Fool’s Gold donc le côté répétitif avançant en boucle introduit merveilleusement l’excellent A long Expression qui force est de constater est le meilleur titre de l’album.

Ce n’est que dans ces « bons » morceaux qu’on parvient à saisir les différentes textures, la rythmique est toujours aussi folle et nous ferait presque confondre le synthé et la batterie. Je crois que c’est cela qui m’a d’ailleurs surpris sur cette album, cette sensation où la musique ne serait que temps et ce malgré la mélodie. Ce n’est qu’avec le morceau French Song que What’s Up nous donne enfin ce qu’on attendait, de la musique brute, martelée et sans concessions. La saturation des aigus en devient salvatrice.

Résultat, un album à 50% qui a pour le sauver la chance de contenir certains excellents titres. Il donne un sentiment de « Battles squelettique ». Battles oui, toujours Battles, qui depuis 2007 reste notre unique référence. What’s up délivre un disque mineur certes mais qui participe à dessiner l’hypothétique musique des années à venir.

Christopher

http://www.myspace.com/whatsupwhatsupwhatsup

mercredi 19 août 2009

[Bonus Tracks] : Crystal Antlers, HEALTH, Blind Man's Color, Diamond Watch Wrists

Crystal Antlers – Tentacles
Touch and Go
06 Avril 2009
3/5


Dans le genre revival 70’s, les Crystal Antlers se débrouillent plutôt bien avec leur rock psyché-garage lo-fi (un enregistrement live des 13 titres de l'album en une semaine). Guitares fuzz, orgue spatiale, chant hurlé, désordre foutraque, tout y est. S’il n’y a rien de très innovant, il se dégage de cette cacophonie survoltée une puissance collective non entendue depuis des lustres.



HEALTH - Get Color
Lovepump United
8 Septembre 2009
1,5/5


Le premier album de HEALTH sorti en 2007 avait fortement attisé ma curiosité lors de sa sortie, grâce à ses pulsions primitives (coupures brusques de rythmes, assauts de guitares noises). Il se révéla finalement très lassant à la longue (ils ne savent pas composer de chansons), et ce second album confirme bien que cette musique n’était en aucun cas guidée par des pulsions, mais par une mise en place très calculée de gimmicks soniques. Get Colors reprend exactement la même recette que l’album éponyme (avec un peu plus de parasites électroniques), sans oublier bien sûr d’omettre les insipides mélodies vocales.



Blind Man’s Colour – Season Dreaming
Kanine Records
18 Aout 2009
2/5


Le dernier album d’Animal Collective est sorti en janvier dernier, et fait apparemment déjà des petits. Je vais peut être un peu vite en affirmant cela, car Season Dreaming de Blind Man’s Colour (deux jeunes de 19 ans !) a tout du sous-album jumeau. Si bien qu’il aurait aisément pu faire office de fake pour tromper les hackers avant la sortie de Merriweather Post Pavilion. On retrouve les mêmes ondes aquatiques, le même fourmillement électronique, les mêmes mélodies rêveuses, mais sans le génie pop d’Animal collective (à défaut de construire des chansons, ils restent dans le domaine de la pop planante et abstraite). Ils sont doués et manient à merveille cette exercice de style sous influences, il ne leur reste maintenant plus qu’à se trouver une identité propre pour sortir du lot.



Diamond Watch Wrists – Ice Capped At Both Ends
Warp
28 Avril 2009
3/5


Zach Hill n’a pas fini de nous surprendre. Le batteur virtuose du groupe de math rock Hella n’est à priori condamné à ne participer qu’à des projets excessifs et sans limites. Avec Scott Herren (aussi connu sous le pseudonyme de Prefuse 73) aux manettes de ce nouveau projet, il se retrouve embarqué dans une rêverie électro acoustique (instrumentations luxurieuses, chant susurré). En s’adaptant à un univers relaxant, le jeu complexe de Zach Hill permet de créer une musique à deux registres à priori opposés : les douceurs brumeuses sur des rythmiques hyper sensitives. Une belle petite curiosité.
http://www.myspace.com/diamondwatchwrists

François.

samedi 15 août 2009

[Télégrammes] : Semaine du 10 au 15 Aout

WALL OF ICE, LE NOUVEL EP DE RADIOHEAD POUR CE LUNDI 17 AOUT??? Depuis la parution mystérieuse sur internet mercredi dernier de la chanson inédite de Radiohead These Are My Twisted Words (aucune source officielle ne s'est encore manifestée), toute la presse musicale est en alerte maximale (BBC, Washington Post, Guardian, Pitchfork, Stereogum...). D'après les déchiffrages du fameux code accompagnant la chanson, ce titre serait extrait d'un nouvel EP digital de 4 chansons, titré Wall OF Ice, et qui devrait d'après les rumeurs sortir ce lundi 17 aout. Fait intéressant, le nom de l'hypothétique EP est tiré du comic XKCD, référant à un dévastateur mur de glace détruisant l'industrie du disque... En attendant désespérément lundi que nos espoirs se réalisent, nous pouvons écouter ici These Are My Twisted Words, excellent retour stylistique vers la période Kid A/Amnesiac (également téléchargeable par ce lien pour une meilleure qualité de son):



Le nouvel album tant attendu de Final Fantasy (le violonniste Owen Pallett d'Arcade Fire), Heartland, devrait finalement paraitre en janvier 2010 sur Domino.



Le mythique batteur de jazz Rashied Ali est mort à 76 ans. Connu pour avoir joué avec les illustres Pharoah Sanders, Albert Ayler, Archie Shepp et Carlos Santana, sa prestation studio la plus mémorable restera toujours pour moi celle de l'album Interstellar Space, enregistré en duo avec John Coltrane en 1967. Son jeu "multidirectionnel" et enflammé envoie littéralement le saxophone free de Coltrane vers des sphères inconnues.



Le concert prétendument extraordinaire Stop Making Sense (1984) du groupe de post-punk/afro/funk Talking Heads sera éditée en haute définition sur Blu-Ray le 13 octobre pour son 25ème anniversaire.



Tom Waits apparait dans le trailer de L'Imaginarium du Docteur Parnassus, le prochain film du cinéaste maudit Terry Gilliam (les petits Johnny Depp, Heath Ledger, Colin Farell et Jude Law complètent le casting). Parmi ses films les plus marquants figurent essentiellement ceux réalisés par Jim Jarmush: Down By Law et Coffee & Cigarettes.

François.

mercredi 12 août 2009

[J'y étais !] : Damo Suzuki @ Hoxton Square Bar & Kitchen, Londres, 11 Aout

Inutile de vous dire à quel point j'étais excité à l'idée d’aller voir en concert mon idole kraut, Damo Suzuki (le mythique chanteur de Can). Pour cette prestation vocale, il fut accompagné du groupe Japonais Drum Eyes : une machine de guerre oppressante composée de deux batteries rigides (quoiqu’un peu simplistes), un guitariste noise tout fou qui faisait vibrer ses cordes avec sa voix, un trompettiste free, et une basse sursaturée aux lourdes suites de notes. Au sein de ce vacarme organisé, Damo Suzuki était d'une simplicité et d'une modestie exemplaire, sans le comportement du vieux dinosaure des années 70 dépassé par les événements. Sa vitalité était aussi très surprenante: il a improvisé sans relâche sur une heure de musique non stop, construisant avec intensité des mélodies chantées à répétition. J'avais peur de retrouver le Damo Suzuki à la voix rauque de l'EP Please Heat This Eventually enregistré en 2005 avec Omar Rodriguez de Mars Volta. Il n'en était (presque) rien, juste quelques rares croches graves entre les longues mélodies épileptiques et sensuelles, qui apportaient déjà tant de grâce à la musique expérimentale de Can. 4/5

samedi 8 août 2009

[Télégrammes] : Semaine du 3 au 8 Aout

S'il y a bien un concert à ne pas rater cette année à Paris, c'est celui de Grizzly Bear le 21 novembre prochain à la Cigale, avec St Vincent en première partie!















Le groupe Radiohead (ou plutôt Thom Yorke + Jonny Greenwood) a enregistré une chanson inédite à la mémoire d'Harry Patch, le dernier soldat survivant de la première guerre mondiale. Le style de Harry Patch (In Memory Of) est en cohérence avec les derniers propos de Thom Yorke quand à l'avenir du groupe. S'ils ne souhaitent plus pour le moment, et probablement pour longtemps, retourner en studio pour enregistrer un disque de la durée standard d'un album, ils ont évoqué la réalisation d'un EP de musique essentiellement orchestrale.


Après avoir annoncés la sortie en septembre d'un disque de reprises de leur tout dernier album, les Fiery Furnaces font encore parler d'eux cette semaine avec une idée encore plus farfelue. Le projet Silent Record consistera à enregistrer les performances sur scène de fans, dirigés par le duo. "Aucune expérience n'est requise" pour y participer. Tout est expliqué clairement sur leur site officiel: "Le prochain essai des Fiery Furnaces consiste à inclure des partitions réglementaires de musique, des notations musicales graphiques, des comptes-rendus et illustrations de performances hypothétiques passées, des comptes-rendus et illustrations de performances hypothétiques avant même l'idée de leur survenance, des manuels de fabrication de machines rock semi-automatiques, un mémorial destiné au non existant Comité Central Des Fiery Furnaces En Exil concernant la non-création de situations, une division dédiée au rock progressif (...), et plein d’autres choses qui n’ont rien à voir avec le prix des œufs, du lait ou d'autres choses dont le langage commun a cessé de parler".


La pochette du nouvel album de Muse a été dévoilée. A en juger cette image digne des meilleurs films de série Z, et les chansons United States of Eurasia et Uprising extraits du disque, on peut s'attendre à un album nanar ultime pour fêter la fin de la décennie.

François.

vendredi 7 août 2009

[C'était mieux avant !] : Can #5 - Future Days (1973)




Avec Future Days, Can s’immerge dans les profondeurs de la forêt tropicale, éclairé par un rayon cosmique comme seul guide. En cohérence avec les influences world music acquises depuis Ege Bamyasi, le groupe développe brillamment un changement majeur d'écriture (ambiances lumineuses, couleurs vives, textures aériennes) pour accoucher d’une bossa nova de science fiction, une musique calypso de fin du monde. Il y a ici une empreinte proche des musiques ambient (lignes ondulantes, vagues de chaleurs, douceurs brumeuses), mais toujours dominée par ce rythme obsédant si cher au groupe. Jaki Liebeizeit enrichit son jeu métronomique d’accélérations free, au milieu des multi-couches synthétiques d’Irmin Schmidt et des guitares incandescentes de Michael Karoli.

Après plusieurs mois d'explorations, il m’est toujours difficile d’en sortir sans y découvrir de nouveaux détails. Une abondance d’éléments environnementaux (orchestrés par Holger Czukay) occupent tout l’espace sonore, et attribuent au disque une forte dimension visuelle (ce qui confère Future Days à un évident et lointain cousin du Merriweather Post Pavilion d’Animal Collective). Les rêvasseries de Damo Suzuki en forme de berceuses pour enfants émergent délicatement de ce fourmillement contemplatif, formant un tourbillon d’affects apaisants. Malgré la multitude d’effets synthétique venant des claviers, l’alchimie presque métaphysique entre les musiciens persiste, car avant tout guidée par des pulsions physiques. Ce disque monde aux richesses inépuisables place Can au sommet de sa créativité.

François.

Tracklist:
1. Future Days (9:30)
2. Spray (8:29)
3. Moonshake (3:04)
4. Bel Air (19:52)
Télécharger Future Days

jeudi 6 août 2009

[C'était mieux avant !] : Can #4 - Ege Bamyasi (1972)




Suite à l’extrême Tago Mago, Can redéfinit une fois de plus son approche, avec cet album bien plus accessible. Une sensibilité funk apparait, les morceaux sont concis, le chant en retenue et la guitare déploie de claires arpèges délicates plutôt que des stridences électriques. Il y a clairement sur Ege Bamyasi une ouverture vers une légèreté pop, avec One More Night, I’m So Green ou Spoon (qui a même figuré dans les charts allemands). Mais au lieu de composer des morceaux pop classiques, ils gardent cette rythmique implacable et continuent de faire évoluer leur style en faisant planer des sonorités venant de la world music. Swing Sang Sun, magnifique ballade lancinante, est le plus bel exemple de cette relecture, et évoque un voyage aquatique sur les fleuves de l’Amazonie. Enfin le dantesque Vitamin C, morceau central de l’album, risque bien de vous rendre dépendant de la musique de Can.

Les étrangetés ne sont pas exclues, comme Pinch, entrée en matière kaléidoscopique et aventureuse (batterie en décalage, multitudes de sons en éclats, espace sonore en relief), et Soup, le morceau qui synthétise au mieux le son de Can au sein d'un même titre (le groove psychédélique et les expérimentations extrêmes). D’un hymne rock puissant débouche un cataclysme industriel : armés d'outils en tous genres (perceuse électrique, plaques de métal...), ils forment un mur de bruit assourdissant, en jouant avec les nuances et les fluctuations, rendant le morceau finalement très facile et ludique à suivre (du bruit maitrisé en somme). Par-dessus et au milieu de toute cette masse assourdissante, Damo Suzuki (qu’on imagine sous l'emprise directe d'hallucinogènes durant cette session) déroule des vocalises littéralement déglinguées (bruits d'extraterrestre, suffocations, cris d'effrois). Avec ces chansons lumineuses réunies autour de cette courte expérience (10 minutes pour ce genre de performances, c'est un exploit) Ege Bamyasi fait idéalement le pont entre Tago Mago et leur plus grand chef d’œuvre à venir, Future Days.

François.

Tracklist:
1. Pinch (9:28)
2. Sing Swan Song (4:49)
3. One More Night (5:35)
4. Vitamin C (3:34)
5. Soup (10:25)
6. I'm So Green (3:03)
7. Spoon (3:03)
Télécharger Ege Bamyasi

mercredi 5 août 2009

[C'était mieux avant !] : Can #3 - Tago Mago (1971)




On arrive à leur première œuvre la plus totale : Tago Mago, la bible du rock psychédélique et expérimental. Ce double album est leur plus extrême, mais aussi le plus souvent cité en référence. Les pépites Krautrock de la première moitié vont faire figure de modèle du genre. Sur une obstination répétitive increvable, les compositions élastiques (accélérations rythmiques, belle mélodie introductive menant à des chuchotements narcotiques sur Paperhouse) démontrent l’aptitude de Can à mettre en avant l’imprévisible. Le groupe créé aussi une des lignes de basses les plus mémorables sur Oh Yeah, nouveau morceau ovni, quelque part entre les étoiles (le clavier planant) et les bas fonds ténébreux (chant passé à l’envers, batterie disciplinaire d’une précision inhumaine). Hallelluyah clôture cette première face de sa gigantesque fête tribale et futuriste de 18 minutes.

La deuxième partie se concentre sur l’expérimentation pure, avec Augmn et Peking O. Est-ce que cela doit se traduire par un ennui abrutissant ? Non, leurs créations formalistes ressemblent plutôt à des jeux cérébraux délirants, préfigurant les usages des samples dans les musiques électroniques. En effet, Holger Czukay prend le meilleur de leurs sessions improvisées pour les assembler par collages (montage, accélération, et ralentissement des bandes passées en boucle). Peking O se trouve plus réussi que le terrifiant Augmn, par sa concision et la performance hautement physique de Damo Suzuki, totalement en transe lors de l’enregistrement de sa voix, improvisant jusqu’à déblatérer des paroles dans une langue inconnue et à une vitesse insoutenable. Après un disque aussi radical, le groupe Can va reprendre ses esprits et se diriger vers la lumière, avec Ege Bamyasi.

François.

Tracklist:
1. Paperhouse (7:28)
2. Mushroom (4:03)
3. Oh Yeah (7:23)
4. Halleluhwah (18:32)
5. Aumgn (17:37)
6. Peking O (11:37)
7. Bring Me Coffee or Tea (6:47)
Télécharger Tago Mago

mardi 4 août 2009

[C'était mieux avant !] : Can #2 - Soundtracks (1970)




Entre 1969 et 1970, le groupe Can compose la bande originale de plusieurs films allemands, lesquels sont édités dans Soundtracks. Contre toute attente, ce sont bien des chansons auxquels nous avons affaire, et bien plus qu’une simple compilation de morceaux : Soundtracks sonne comme un vrai album homogène. Il marque surtout l’arrivée du nouveau chanteur de Can pour 4 des albums les plus marquants du groupe : l’extraordinaire Damo Suzuki. Alors quittés par le dépressif Malcolm Mooney suite à l’enregistrement de Monster Movie, Holger Czukay et Jaki Liebezeit rencontrèrent par hasard le japonais lors d’une de ses performances de rue à Munich. Impressionnés par son charisme, ils l’invitèrent immédiatement à se joindre au groupe pour un concert le soir même. Ce mélodiste hors pair va s’avérer être un élément majeur de la musique de Can : un chant aérien et profondément ambigu, une sensualité ténébreuse.

Les titres de Soundtracks sont de superbes chansons mélancoliques, estampillées cette fois ci d’un tissu de guitares plaintives. Un pas de plus est franchi : l’instinct tribal de Jaki Lebeizeit se trouve ancré parmi les simples mélodies entêtantes de Damo Suzuki (Tango Whiskeyman). On saisit alors à quel point la force des musiques ethniques n’est pas que l’affaire du rock obscur. Can enregistre également un coup de maitre psychédélique de 15 minutes, parfaitement maitrisé et sidérant de bout en bout : le passionnant Mother Sky. Lebeizeit soutient durant tout le long du morceau un rythme rapide tendu comme une corde, offrant régulièrement des envolées tribales virtuoses ; la guitare expressionniste de Karoli nous électrise avec ses riffs atonaux et violents ; le claviériste Schmidt injecte des sons psychotiques à la matière ; et le bassiste Czukay confirme sa capacité unique à hypnotiser en jouant à répétition deux uniques notes pendant plusieurs minutes, tout en groovant. On pourrait croire que le chant ne puisse pas avoir sa place au sein de ce gigantesque terrain d’expérimentation. Ce serait mal connaitre Can, capable d’allier pure recherche sonore et belles harmonies vocales enivrantes (tout comme le fera Radiohead 30 ans plus tard sur Kid A) ; le chant répétitif en escalier de Damo Suzuki est là pour structurer la jam.

Pour sa dernière contribution au sein du groupe, l’américain Malcoolm Mooney tire sa révérence de la plus belle manière qui soit, et clôture exceptionnellement l’album avec le délicat et jazzy She Brings The Rain. Soundtracks est à coup sûr la meilleure porte d’entrée pour aborder l’univers de Can.

François.

Tracklist:
1. Deadlock (3:27)
2. Tango Whiskyman (4:04)
3. Deadlock (Titelmusik) (1:40)
4. Don't Turn the Light On, Leave Me Alone (3:42)
5. Soul Desert (3:48)
6. Mother Sky (14:31)
7. She Brings the Rain (4:04)
Télécharger Soundtracks

lundi 3 août 2009

[C'était mieux avant !] : Can #1 - Monster Movie (1969)




En pleine vague hippie, des artistes comme Captain Beefheart, Frank Zappa, King Crimson, ou White Noise marquent en 1969 la fin de la pop sixties en enregistrant des albums détachés de tous ces idéaux. De Cologne, un petit groupe teuton prépare aussi sa révolution, avec une approche frontalement radicale. Sur Monster Movie, Can fait déjà preuve d’une profonde singularité : on est dès les premières secondes attaqué par de violentes décharges soniques ; l’apocalypse avant Fun House des Stooges, du proto punk avant la révolution punk de 1977 ! Le rythme métronomique est en place, les parties de guitares sont nerveuses et stridentes, les notes de clavier acides, la basse hypnotique.

Ce rock primitif se voit influencé par les expérimentations bruitistes du Velvet Underground, qui trouve en Can son plus noble successeur. Au chant, le poète américain Malcolm Mooney avec son flow presque rappé (Father Cannot Yell) et ses mélodies instables (Mary, Mary So Contrary) participe aussi beaucoup à l’anomalie de l’album, pouvant crier jusqu’au dernier souffle (Outside My Door). Le morceau Yoo Doo Right (éditée à partir d’une jam session de 6 heures) achève l’album de ses 20 minutes de transe improvisée et physique. Une pièce maitresse hallucinante, qui marque Can au fer rouge dans la catégorie des anthologies du rock.

François.

Tracklist:
1. Father Cannot Yell (7:06)
2. Mary, Mary So Contrary (6:22)
3. Outside My Door (4:11)
4. Yoo Doo Right (20:27)
Télécharger Monster Movie

dimanche 2 août 2009

[C'était mieux avant !] : CAN, le rock en mutation

"Can were our clarion call, our initition to our future" - Thurston Moore (Sonic Youth)

Le krautrock (musiques expérimentales allemandes des années 70) a ressurgi au milieu des années 90, grâce entres autres au livre du passionné Julian Cope (Krautrock Sampler). De ce mouvement, on en retiendra deux tendances : les longues contemplations électroniques, dites "kosmic" (Tangerine Dream, Cluster, Klaus Schulze, Harmonia), et le rock psychédélique free (Amon Düül II, Ash Ra Tempel) et/ou "motorik" (Can, Faust, Neu !). Parmi tous ces groupes, Can affichait très vite sa différence en arrivant à combiner répétitions et chaleur organique. Leur musique moderne (encore pour aujourd’hui) se base sur trois éléments indissociables et fondateurs : la recherche, la transe, et le groove.

Des expérimentations sur les structures libres des morceaux, les textures sonores, le traitement des bandes et l’utilisation des synthétiseurs ; une transe par des rythmes répétitifs rapides ; et un groove de tous les instants qui emmènent l’avant-garde vers la lumière. De cette approche organique, Can y élabore des compositions en spirales infernales, en y mettant la batterie constamment en avant.

La maturité prématurée du groupe teuton ne vient pas de nulle part : les 4 membres piliers sont quasiment tous musicologues. Le bassiste Holger Czukay, professeur de musique et élève de Stockhausen ; le claviériste Irmin Schmidt, directeur d’orchestre et compositeur primé au conservatoire ; le guitariste et violoniste Michael Karoli, ancien élève de Czukay ; et le batteur de jazz Jaki Lebeizeit, passionné de musiques ethniques. Ensemble, avec 2 chanteurs successifs (Malcolm Mooney et Damo Suzuki), et influencés par le rock anglo-saxon, ils injectent dans leur rock sous acides de l’avant-garde, tout en y accordant une place majeure aux mélodies.

Aujourd’hui, de nombreux musiciens de tous horizons se réclament de l’influence de Can : légendes du rock (David Bowie, Joy Division), rock expérimental (Brian Eno, Public Image Limited, Sonic Youth, Radiohead), trip-hop (Portishead), hip-hop (Kanye West, qui a repris Sing Swan Song), ainsi qu’une multitude de DJ's (Aphex Twin en tête). Leur avance de plusieurs décennies n’est plus à démontrer, il ne reste plus qu’à se laisser hypnotiser.

Grâce à un enregistrement en autarcie (le groupe possédait son propre studio), à leur maitrise de la science musicale et à leur ouverture aux musiques du monde, leur style ne cesse d’évoluer, du rock primitif de Monster Movie au rêve tropical de Future Days. A partir de demain, toute la semaine sera consacrée à une rétrospective des 5 premiers et meilleurs albums de Can (de 1969 à 1973), tous essentiels dans leur genre.

François.

samedi 1 août 2009

[Télégrammes] : Semaine du 27 Juillet au 1er Aout

La semaine indie a surtout été marquée par une performance live chevronnée de Final Fantasy (alias Owen Pallett, violonniste d'Arcade Fire et compositeur des cordes des Last Shadow Puppets). Il y joue l'inédit Lewis Takes Off His Shirt (extrait de son prochain album) à Guelph (Canada) sans se laisser un instant décourager par les trombes d'eau qui semblaient s'abattre sur lui.



Vous avez aimé (ou aimerez) I'm Going Away des Fiery Furnaces? Vous pourrez l'écoutez sous un jour nouveau, puisque Matthew et Eleanor Friedberger reprendront chacun à leur manière 6 des titres du disque en studio : "mis à part les textes, les mélodies n’auront rien à voir avec les originales". Le LP hommage sera publié en septembre prochain.


Le premier single de l'album Humbug des Arctic Monkeys, Crying Lightning, bénéficie d'un clip maritime hollywoodien. Bon...vivement le deuxième album des Last Shadow Puppets!



Un extrait du prochain album des Fuck Buttons est téléchargeable ici. Avec Surf Solar, le duo continuent leur approche dronesque tout en s'essayant aux speeds.



Enfin Daft Punk a bien signé la bande originale du blockbuster Tron Legacy. Sortie du film en 2010.

François.