mercredi 29 octobre 2008

[Tourne Disque] : The Vines - Melodia

Label : Ivy League
Sortie : 12 juillet 2008

1/5






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La dernière fois que j'ai dû entendre parler des Vines pléthore de vidéos youtube étaient consacrées aux frasques du chanteur, Craig Nicholls, victime d'une maladie rare qui lui faisait avoir un comportement des plus désagréables. Je m'étais alors pris d'affection pour le bonhomme, me disant que ça devait être ça le rock ; souffrir, hurler, crier.

Je devais certainement avoir 15 ans et rêver devant l’excellent clip de la chanson Ride, vouloir une guitare, boire de la bière, habiter en Australie sans pour autant regarder Hartley Cœurs à vif. A 15 ans un rien impressionne.

Malheureusement il n'en est plus rien. Melodia pèche par son incroyable conformisme ; basse à Papa, folk à Maman et batterie en plastique ne passent plus. J’ai dans un premier temps voulu mettre ça sur l’alibi de l’évolution des goûts avec l’âge et de ses désillusions. Je ne serai jamais guitariste, ne boirai jamais de bières sur scène, n’aurai pas de couvertures de magazines à mon effigie, du moins dans la presse musicale ; rien de tout ça. Et malheur est encore de constater que ce qui semble manquer aux « Vines », est ce côté « basique », 2+2=4. On en demanderait pas plus, mélodies efficaces, ballades à faire exploser le top des « 25 plus écoutés » de notre Itunes, rien de plus.

Tout en restant capable de m'enfiler la trilogie 2002/2004/2006 à la suite, ce Melodia m'a fait un effet des plus désagréables. Craig avait dû, sur conseil de ses médecins, s’obliger à prendre ses médicaments, ses acolytes avaient dû en faire de même avec leurs vices. Fini l’illusion, out la légèreté. Le problème c’est que tout le monde fini dans le même sac, nous avec, renvoyant nos goûts d’ados aux oubliettes.

Tout est allé trop vite ; des morceaux d'au mieux 2 minutes (sauf le 6 minuté et chiantissime True As The Night qui suffirait tout juste à servir de « Morceau de la maturité » au groupe The Corrs). Le souci avec les morceaux de 2 minutes c'est qu’il faut que ça passe comme un suppositoire, vite et bien. On oublie et on attend les effets. Melodia a dû être enfilé à l'envers, le bout profilé (le meilleur) vers l'extérieur, comme un refus de tenter l'avancée, la percée (pardon...). Quand on s'appelle les Hives ça marche à coup sûr, c'est martelé, mitraillé. Les Vines eux mettent leurs pantoufles, rajoutant à l'ennui la fatigue, et pour nous l'agacement. Déception. Fini les morceaux à toute valzingue et quand bien même la chose est tentée (Braindead) elle fait l'effet d'un pétard mouillé.

C'est le mot qui résume un peu ça: ennui. C'est dommage pour ce groupe. A croire qu'on l'aurait préféré au bord de la mort pour le rincer une dernière fois. Impossible, plus de jus. Chaque titre est une sorte de morceau de fin d'épisode pour série pré ado. On y verrait bien les chanteurs se donner en spectacle au bal de promo où tous feraient la fête dans une fausse effusion de joie. Melodia est l’album de trop, à croire que le rétablissement de Craig Nicholls n’a rien apporté de bon à la musique du groupe. On attendait les Vines pour leur côté instable. Ce disque n’est pas sorti dans l’indifférence générale pour rien. Je me devais d’évoquer sa naissance et vous de constater sa mort.

En fin de compte cet album s'écouterait, au maximum, d'une oreille distraite. Négligemment joué sur l'ordi de la chambre (il ne mérite pas plus) pendant qu'on irait glandouiller au salon. Fond sonore. Reste qu'il s'écoute. Ce n’est pas désagréable mais sans intérêt. Utilitaire, il rempli votre bibliothèque Itunes et c'est tout. Le genre d'album qu'on efface sans regrets lorsqu'il nous manque quelques mégaoctets de libres.

Christopher.


Un lien: http://www.myspace.com/thevines

Extrait Vidéo :

mercredi 22 octobre 2008

[Bonus Tracks] : MGMT, Don Caballero, Bauhaus, Zombie Zombie

MGMT - Oracular Spectacular
Label : Sony Rec
ords, Columbia Records
Sortie : 10 Mars 2008

2,5/5


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Inspiré par le glam-rock, l’électro discoïde et le psychédélisme hippie, Interstellar Spectacular est annoncé comme étant le grand album pop fédérateur de 2008 (certains y voient même une sorte de résumé de 30 ans de pop). Le cahier des charges de MGMT présage quelque chose de grand, d’évident. Dommage, il n’est respecté qu’à moitié. Globalement, on y trouve une vraie force mélodique, des hymnes réellement superbes (The Youth, The Handshake, Time To Pretend), sur des morceaux bouillonants aux structures pas vraiment simplistes. Mais l’ensemble, produit à l'excès, est noyé dans une surcharge d'effets souvent grotesques, qui, au lieu d'épaissir leur musique, la rend indigeste. Seul le cosmique et très réussi 4th Dimensional Transition pourrait être un exemple de sobriété comparé au reste. Pour l’instant on ne peut voir en MGMT qu’une sorte d’Animal Collective adolescent, qui à l’avenir gagnerait à ne pas se laisser envahir par un producteur trop imposant, car je continue à croire qu’il y a un bon potentiel en partie gâché.
MGMT - 4th Dimensional Transition



Don Caballero – Punkgasm
Label : Relapse
Sortie : 19 Aout 2008
2/5


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Punkgasm est le deuxième album du groupe instrumental de Pittsburgh depuis sa nouvelle formation et le départ de Ian Williams (Battles). Si la musique de Don Caballero gagne en puissance par un son plus heavy et moins réfléchi, elle perd les expérimentations harmoniques et rythmiques, qu’on retrouvaient dans les fascinants World Listening Class Problem (leur chef d'œuvre) et American Don (leur deuxième chef d'œuvre). L’absence du génial guitariste de Battles se fait donc encore ressentir. On sent que c'est un disque qui a été enregistré sans grande passion, ni sans aucun soucis de renouvellement, si l'on excepte l’ajout de chant sur quelques morceaux (cela reste trop anecdotique ). Au moins ils ne cherchent pas à impressionner, et cela reste un disque de Math Rock très honorable, quoiqu'assez banal. Punkgasm marque un temps où dorénavant on n’attendra plus jamais vraiment rien d’eux.
Don Caballero – Challenge Jets



Bauhaus - Go Away White
Label : Bauhaus Music
Sortie : 3 Mars 2008
2,5/5


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On sait tous que les tentatives de reprises d’activité des dinosaures du rock sont souvent calamiteuses (Pink Floyd et The Stooges en tête), avec lesquels on a souvent affaire à des parodies lisses de leur musique originelle. C’est un peu différent avec Bauhaus, groupe culte de Post Punk dark des années 80. Ils ont fait l’exploit de reproduire à l’identique le son de leurs meilleurs disques (la production poisseuse, les guitares, et même le timbre de la voix du chanteur, qui n’a pas évolué d’un poil), sans faire l'impasse sur la qualité des compositions. C’est comme si l’on avait pris le groupe tel qu’il était en 1983, et qu’on l’avait hiberné jusqu’en 2008 pour l’enregistrement d’un dernier disque. Leur style n’est pas trahis, ils ont su faire revivre leur musique : un beau copier-coller. Ni décevant ni très surprenant, Go Away White contient quand même son petit lot de morceaux à retenir, comme The Dog’s A Vapoure ou le très sombre et déchirant Saved.
Bauhaus - Saved



Zombie Zombie - A Land For Renegades
Label : Versatile
Sortie : 22 Février 2008
3/5

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Dans la série des revivals krautrock à la française (I Love UFO, Turzi, Service, One Switch To Collision), le groupe Zombie Zombie est le plus original. Composé de Neman Herman Düne à la batterie et d’Etienne Jaumet aux synthétiseurs et au chant, ce duo joue une BO mortuaire fictive digne des meilleurs films d’horreur de John Carpenter. Il faut aimer les sons de vieux synthés de collectionneurs, mais ils servent un univers horrifique et rétro-futuriste tellement bien cadré que même les plus réfractaires arriveront à y faire abstraction. La batterie disciplinaire est là pour cadencer la marche des morts-vivants, guidée par la voix hallucinatoire et inquiétante du chanteur : la rave vaudou n’attend plus qu’eux.
Zombie Zombie - I'm Afraid of What's There


François.

dimanche 19 octobre 2008

[Tourne Disque] : Department Of Eagles - In Ear Park

Label : 4AD
Sortie : 6 Octobre 2008
4/5





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Je ne vous apprendrais rien, mais entre les années 60 et les années 70, il y a eu une bonne grosse poignée de visionnaires qui ont chacun de leurs cotés redéfinit la musique et l'ont amené dans des directions différentes. Je ne vous ferais pas l'injure de donner des noms. Après quoi, dans le sillage de ces types, certaines directions furent prolongées par un nombre plus ou moins grands d'héritiers, eux même plus ou moins légitimes. Et puis dans le même temps, il y avait aussi les types qui n'ont inspirés absolument personne sur le moment et qui ont très longtemps avancés en solitaire sans qu'aucun petits nouveaux ne les pillent allègrement. Ainsi donc, pendant très longtemps, absolument personne ne s'est inspiré de Van Dyke Parks. Tout le monde s'en foutait de ses arrangements fous et riches, inspirés par la musique populaire américaine et la musique classique. Personne n'écoutait son premier album et chef d'oeuvre Song Cycle qui avait fait un bide impossible et avait été un gouffre financier pour la Warner. Qui se souciait de ses albums absolument paumés de musique calypso alors qu'on était en pleine période du glam-rock? Aussi, qui s'inspirait de Randy Newman? Oh, on écoutait ses morceaux oui, mais pas grand monde ne reprenait leurs arrangements surannés. Et la free-folk de John Fahey (ou d'autres), on l'entendait chez les artistes pop? Absolument pas. Il a fallu attendre les années 90 pour entendre enfin l'influence de l'oeuvre de ces artistes, et encore, chez peu de gens, juste un épisodique Jim O'Rourke dans sa période pop, qui lui même sur le moment n'a inspiré presque personne.

Aujourd'hui, c'est différent. On a redécouvert ces artistes. On les a enfin mis sur le pied d'estal qu'ils méritaient. On a pu télécharger leurs albums introuvables. En conséquence de quoi, les voilà enfin inspirateurs de jeunes groupes. En effet, quand on écoute In Ear Park de Department Of Eagles, on les entend ces influences, elles sont là, vivantes, renouvelées. Le jeune duo américain l'a même parfaitement assumé et a mis le nom de quelques uns de ces artistes dans la liste de leurs influences. C'est ce qui fait que cet album est à la fois irrésistible, totalement paumé dans son époque et d'une richesse étonnante. Dire qu'on y entend l'influence de Van Dyke Parks serait un euphémisme : le morceau Teenagers mêle exactement de la même façon des mélodies venues du easy listening des années 50 avec des tas de petites idées musicales. La voix même, nasillarde et passée dans un pré-ampli étrange fait sonner l'ensemble comme un morceau inédit du compositeur dans les années 60. Quand le groupe se lance dans le petit tube No One Does It Like You, on entend des chœurs qui auraient pu être fait par Harry Nilson et Paul Mc Cartney à la grande époque (avec des "dom dom dom" graves façon Mills Brothers dans un music-hall) sur une ligne de basse toute simple au groove explicitement rétro. Et sur Balmy Night, ce banjo aux arpèges mélancoliques accompagné par des guitares acoustiques, c'est le même que celui qu'on peut entendre chez John Fahey dans les années 70, on en mettrait sa main à couper. Et pourtant, non, nous sommes en 2008, et In Ear Park a merveilleusement utilisé toutes ces influences venue de la culture folk des Etats-Unis pour créer un album à la fois paresseux et rêveur, qui fonctionne comme un tout, comme un espèce de voyage un peu lent dans une musique bizarre, aux ambiances juste ce qu'il faut de familières.

Mais dans le même temps, cet album ne s'est pas non plus fait uniquement dans un processus de mimétisme passéiste. Il y a aussi, et c'est là que cela devient vraiment intéressant, des éléments plus modernes dans cet album, et des influences plus récentes. Il faut dire que l'un des membres du duo est aussi présent au sein du groupe Grizzly Bear qui, si il a de commun avec ce side project un même goût des arrangements riches et des atmosphère douces, est un groupe qui penche plus vers l'électricité. C'est pour cela qu'en soit, on peut entendre du Grizzly Bear ici, mais on y entend parfois aussi des bribes de musique folk comme peut en faire Vic Chesnutt ou des morceaux pop aux influences Beach Boys mais passées par un filtre étrange comme chez Animal Collective. Il sera d'ailleurs bien ardu pour le critique de pouvoir clairement expliquer dans quel genre se place cet album, tant il navigue toujours à mi-chemin entre la pop, la musique folk, le rock (mais très doux) et un certain goût pour l'avant garde. Le très beau Classical Records est partagé entre une introduction hors rythme remplie de petits drones avant de se lancer dans des arrangements bizarres, comme une version pop d'un morceau de Gastr Del Sol. Et si cette chronique s'apparente finalement à un veritable name-dropping, ce n'est pas à tort et à travers. On entend ici une véritable somme d'influences parfaitement digerées ; le seul problème venant donc dans l'absolu du fait qu'on les entend autant, les cyniques disant qu'on n'entend que ça.

Mais dans l'absolu, peut-on blamer un groupe de vouloir se placer dans la continuité de tas d'artistes en même temps? Il me semble que non, bien au contraire, c'est même la force de cet album d'être parfaitement tributaire de musiques d'un passé proche tout en essayant de faire les choses de manière personnelle et originale, en mélangeant tout pour créer des choses magnifiques comme Phantom Others qui se termine en douce apothéose absolument parfaite. Parce qu'il est une étrangeté tout à fait accessible, parce qu'il contient de très beaux morceaux, parce qu'il forme un tout à part entière, In Ear Park est un très bon album, recommandé à tout ceux qui aiment la musique pop, tout simplement.

Emilien.

lien : http://www.myspace.com/deptofeagles

Extrait vidéo :
Un live sur un toit, à quatre, du morceau No One Does it Like You

mercredi 15 octobre 2008

[Tourne Disque] : Snowman - The Horse, the Rat and the Swan

Label: Dot Dash Recordings
Sortie: 24 Mai 2008
4,5/5





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Snowman s’inspire des codes et des thèmes d’un style marginal et très ciblé, le gothisme, pour mieux les détourner en les réinventant et en prenant des distances. Il en résulte un album tétanisant et tourmenté, qui ne peut que s’écouter du début à la fin, car les neuf morceaux qui le composent forment un tout indissociable.

Leur musique paranoïaque est un melting pot improbable entre rockabilly théâtral, cold wave, shoegaze, et le rock tribal et crispant de Liars. Contre toute attente, il n’en résulte pas une sorte de bouillie sans saveur et sans personnalité. Au contraire, il y a quelque chose de fondamentalement nouveau et puissant dans la mixture non préfabriquée de Snowman. Ils s’aventurent dans une zone risquée et à priori sujette à toutes les railleries, le gothisme donc, et arrivent à créer une musique dense et contrastée, où la dureté est magnifiée, et la noirceur mystérieuse. La violence et la pureté sont les deux lignes directrices du groupe.

Dès le début de l’album, le batteur semble taper de gros coups de massue, et le chanteur principal nous terrifie avec une rage obstinée. Un sentiment d’angoisse s’installe, ils ont décidé de nous secouer d’entrée et de ne pas passer par une phase d’adaptation. Très vite, sur la férocité des guitares vont se poser les vocalises plus angéliques des deux autres chanteurs. Ils rétablissent l’équilibre, nous sortent de l’enfer pendant quelques secondes, avec leurs mélodies réconfortantes et illuminées (toutefois traversées par un teint maladif, comme la voix d’alien sur We Are the Plague).

Comme sur ce premier morceau, toute la structure de l’album est variée et mixe les moments de violence brute aux purs instants de beauté, les chansons directes et agressives à celles plus atmosphériques et cérébrales. Le plus impressionnant réside dans le caractère narratif, et donc forcément prenant, des compositions. The Horse Pts 1 & 2 commence dans un calvaire submergé de suppliques et de voix lointaines, pour nous prendre instantanément par surprise au bout de trois minutes dans une violente course hardcore et speedée : les guitares prennent le dessus, la batterie est martelée sans limite, les screams nous prennent d’assaut. Puis 15 secondes de tribalisme indien surviennent, pour terminer sur un rock endiablé survolé par des vocalises exotiques africaines. C’est tout à fait saisissant, cela ne dure que 6 minutes, on va à l’essentiel tout en nous faisant ressentir la peur, l’excitation de la vitesse, l’étourdissement et l’émerveillement. Une symphonie abrutissante dominée par des couches de Mellotrons achève l’album avec Diamond Wounds. Cette musique dense n'est pas inaccessible pour autant, grâce à la clarté et l’immédiateté de l’ensemble.

On sort de cette expérience de 40 minutes un peu harassé, la tête pleine d’images distordues et avec la volonté pressante d’y retourner. The Horse, The Plage and The Swan sait nous violenter, tout en étant intelligente et envoutante.

François.

http://www.myspace.com/thesnowmanempire
Extrait audio de l'album:
Snowman – Our Mother (She Remembers)

dimanche 12 octobre 2008

[Tourne Disque] : of Montreal - Skeletal Lamping

Label : Polyvinyl
Sortie : 21 Octobre 2008
0,5/5





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Ne l'essayez pas

2001 : of Montreal sortait un album brillant qui s'appelait Coquelicot Asleep In The Poppies, génial kaléidoscope pop bariolé et sophistiqué, rempli de pianos et d'accord majeurs. Un petit chef d'œuvre qui succédait à d'autres albums très réussis. Kevin Barnes, tête pensante de ce groupe qui est quasiment son projet solo, était un genre de Syd Barrett lucide moderne, ce groupe issu du formidable collectif Elephant 6 était promis à un avenir radieux. La suite? C'est une chute inexplicable dans le vide et le ridicule, avec des albums de plus en plus minables. Allez savoir pourquoi, les pianos furent troqués contre des synthétiseurs fluos, la batterie contre des beats stupides, les chœurs contre des "oh ohhhh" outrés et les influences 60's se mutèrent en relents gastriques 80's. A chaque étape de cette dégringolade, on pensait qu'ils avaient finalement touché le fond, que le pire était fait. L'étron musical suivant contredisait cette théorie, etc. Des espèces de Bee Gees modernes : plus connus pour leurs conneries disco que pour leurs jolis premiers albums tout mignons et pop. Et maintenant, voilà Skeletal Lamping, et on ne peut plus se consoler qu'en se disant que le prochain album du groupe sera encore plus déplorable. D'ici là, il nous reste ce gros bidule indigeste et phosphorescent à subir, la chose la plus affreuse jamais sortie par le groupe américain, jusqu'à la prochaine fois.

Ah oui mais cet album est fun, il est cool, il est marrant, il est décontracté, il est foufou. C'est son excuse. La plus pratique des excuses, celle qu'on se donne quand on fait n'importe quoi ivre le samedi soir. Les paroles sont remplies de trucs sexuels (I want to make you come 200 times a day, oh la la, c'est vraiment osé) parce que ça raconte l'histoire d'un chanteur qui a changé de sexe ou je ne sais quoi. Le tout couplé avec le coté dansant mais pourtant "indie pop" de l'ensemble, voilà, cet album est protégé. C'est de la funk-pop music moderne indie post-11 septembre. Trop fou pour paraître mainstream, mais trop con pour être jugé sérieusement, ce qui apparaîtrait comme un preuve d'aigreur, Skeletal Lamping s'adresse à la partie idiote de notre cerveau en ayant l'air malin et l'affiche haut et fort en en faisant trop, tout le temps, et en jouant sur un second degré très moderne et absolument insupportable. Laissez vous aller, tout va bien, promis juré, ce n'est pas honteux de danser là dessus, bien au contraire. Sous prétexte de pop, Of Montreal se complaît dans un style putassier qui sonne comme un croisement bâtard entre le pire de David Bowie, d'Electric Light Orchestra ou des Sparks (qui méritent pourtant mieux comme héritiers que des sous-doués qui chantent en falsetto) et un espèce de sous-funk pas possible genre Prince et Mickael Jackson de supermarché. L'ensemblé englué dans des "orchestrations" parfois tellement propres et sans vies que les singles de Mika semblent expérimentaux à coté. Parfois, on a des réminiscences des précédents albums, des passages qui semblent être réussis. S'ils durent 30 secondes, c'est le bout du monde. Cet album est une chose absolument étrange et unique, mais ça ne justifie rien et ça n'en fait pas quelque chose de bien.

Et, NON, ce n'est pas les milliers de passages différents tout au long de l'album qui nous feront croire en la richesse de ce pot-pourri. Ni un interlude pseudo shoegaze nul au début, ni des passages folk transparants, ni des cassures de rythme, ni les tas de bouts de morceaux pas finis, ni les quelques dissonances qui parsèment l'album, ni même une chanson tristoune au piano (qui pourtant parle à l'auditeur : "i don't know how long i can hold on if it's gonna be like this forever", et moi donc) ne peuvent faire croire à quelque chose d'autre ici qu'à un ramassis de chansons mauvaises qui se complaisent dans une vulgarité crasse, toujours à la recherche de l'accumulation maladive de ponts inutiles, de mélodies qui servent à rien, de compositions remplies jusqu'aux dents du fond. C'est au delà du too much et ça dure une heure, une longue heure. St Exquisite's Confessions est un morceau de r'n'b indie (?), ce qui en dit long sur la qualité du truc. Women's Studies Victims contient une espèce de tentative de rap imbuvable (ouais, mais c'est fait exprès donc c'est super cool). And I've Seen a Bloody Shadow avec son bon gros beat avec un bon gros piano est parfait pour une pub de voiture. Les notions de finesse, d'intelligence et même de goût sont étrangères d'un bout à l'autre. Sauf que voilà, Skeletal Lamping n'est pas un album de pop commerciale de merde. Oh non! C'est un album de pop commerciale de merde ALTERNATIF. Ah oui, ça a une autre gueule, formidable!

Ce n'est plus du gâchis à ce niveau là. C'est de l'auto-sabotage. Mais apparemment, ça marche.

Album le plus détestable de l'année.
Haut la main.

Emilien.

lien, rien : http://www.myspace.com/ofmontreal

(note : une critique plus positive de cet album viendra peut être plus tard, Christopher ayant aimé cet album bien plus que moi, ce qui n'est pas très difficile, je vous l'accorde).

Extrait du truc :
Pour entendre Id Engager, un des morceaux de ce machin qui est leur premier single, c'est en dessous. Pfff.

mercredi 8 octobre 2008

[Bonus Tracks] : Abe Vigoda, Fleet Foxes, Oneida, David Byrne & Brian Eno

Abe Vigoda - Skeleton
Label: Universal
Sortie: 8 Juillet 2008
1,5/5

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A la tonicité et aux voix pâles du Post Punk, les américains d'Abe Vigoda y ajoutent une tonalité afro-tropicale, pour un mélange exotique et agressif très séduisant au premier abord. Malheureusement, le trio s’est contenté de cette seule idée plutôt originale, pour l’user sur tout l’album jusqu’à l’indigestion. Skeleton se révèle être très fatiguant sur la longueur, avec des chansons courtes et expéditives qui se ressemblent toutes (on a l’impression de se retrouver avec un seul morceau décliné pendant 30 minutes sur 14 variations). Encore un groupe qui gère mal ses effets : trop de réverbération, trop de notes aiguës, trop bordélique.
Abe Vigoda – The Garden


Fleet Foxes – Fleet Foxes
Label: Bella Union, Sub Pop
Sortie: 9 Juin 2008
2/5

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Un premier album très joli, qui a été très bien reçu par la presse Indie et les blogs audio lors de sa sortie. Leur folk pastoral aux sonorités médiévales est en effet si pur et généreux en harmonies relaxantes qu’on ne peut pas vraiment donner d'avis défavorable. On peut juste dire que c’est un beau disque gentillet, parfait pour l’été. Ah, c’est déjà trop tard. Tant pis, on se le garde pour l’été prochain.
Fleet Foxes – White Winter Hymnal


Oneida – Preteen Weaponry
Label: Jagjaguwar
Sortie: 5 Août 2008
3,5/5

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Après deux ans de galère avec leur maison de disque, les Oneida déversent toute leur énergie dans ce morceau fleuve de 40 minutes, divisé en trois segments. Un titre puissant, qui rend honneur à la rage des Stooges et à la transe psychédélique de Can. Ils animent un brasier instrumental monstre, rempli de larsens et de drones, sur des batailles percussives monomaniaques. Tout en nuances et avec subtilité, le groupe fait revivre ses influences le temps d’un album, et créent par leur déterminisme une grande tension. Bon, oui, ça ressemble parfois trop à un tribute band de n’importe quel bon groupe expérimental des années 70. Et alors ? Leur savoir faire (doublé d’une immense maitrise du genre) leur permet de jouer cette musique, sans qu’on ait une seconde à crier au plagiat. C’est justement un remake très précieux.

David Byrne & Brian Eno - Everything That Happens Will Happen Today
Label: Autoproduit
Sortie: 18 Août 2008
2,5/5
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David Byrne (leader des Talking Heads) et Brian Eno (qu’on ne présente plus, artiste et producteur à l’influence étendue) ont été responsables en 1981 de My Life In The Bush Of Ghosts, énorme trip foutraque, une world music futuriste profitant des meilleures innovations électroniques de l'époque. Quand deux génies se retrouvent 27 ans plus tard et composent un album entier par correspondance au moyen d’Internet (Eno a composé la musique à Londres, Byrne y a écrit les paroles et posé sa voix à New York), on a des doutes quand à la possibilité de se voir créer un second chef d’œuvre. En effet, on se retrouve ici avec de vraies chansons, au sens radiophonique du terme, très mélodieuses et inoffensives, qu’on pourrait recommander aisément à nos parents (seule I Feel My Stuff, plus exigeante, se démarque du reste). Les fans sont en droit d’en attendre plus. Mais même si la direction prise par les deux géants déçoit, on sent qu’ils se font plaisir, et il s’en dégage une sincérité très touchante.
David Byrne & Brian Eno – Strange Overtones


François.

dimanche 5 octobre 2008

[Tourne Disque] : Shugo Tokumaru - Exit

Label : AlmostGold Recordings
Sortie : 8 Septembre 2008
(Sortie originale au Japon : 19 Octobre 2007)
4/5



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Quelque part à Tokyo, dans un appartement qu'on imagine petit et mal rangé, il y a un garçon de 28 ans qui a accumulé des tas d'instruments depuis qu'il a commencé à jouer de la guitare à 14 ans. On dit qu'il a plus d'une centaine, plus ou moins petits, sans compter tout les petits jouets qu'il accumule. Il sait jouer de beaucoup de choses, que ce soit du piano, du ukulélé , de l'accordéon ou de la scie musicale. Avec tout ça, il compose tout seul des petits morceaux qu'il enregistre tout seul sur son ordinateur. Ensuite, il sort des albums absolument magnifiques, et recommence. Ce garçon s'appelle Shugo Tokumaru, et son troisième album Exit, qui vient (enfin!) de bénéficier d'une sortie mondiale près d'un an après sa sortie au Japon, est l'occasion idéale de se rendre compte qu'il est peut être l'un des plus merveilleux orfèvre de la musique folk bricolo actuelle.

En 2004, quand était sorti très discrètement son premier album Night Piece, on ne pouvait être que surpris devant l'univers sonore que Shugo Tokumaru créait avec ce tout petit album qui ne dépassait pas la demi-heure. Des arpèges délicats et la voix toute douce du monsieur se mêlaient au sein de compositions modestes et chaleureuses, c'était une musique très personnelle qui se basait sur des petits riens, assez calme et agréable. L'intimisme de l'ensemble avait un aspect charmant, aimable, quasiment amical et surtout très confortable. Cet album était presque trop discret, trop doux, trop timide, on sentait bien (ou du moins on espérait!) que les ambitions musicales du jeune homme allaient bien plus loin que ces compositions certes magnifiques, mais un peu trop timorées. Son deuxième album, L.S.T, allait, heureusement, dans la direction attendue, avec une musique plus ambitieuse et plus forte. Sauf qu'entre temps, les chansons avaient perdues de ce charme délicat qui faisait de Night Piece un album indispensable. Le pire était imaginable, l'image de l'artiste qui perd son âme en voulant ouvrir sa musique traversait l'esprit. On (comprendre je) pensait que ce serait le dernier bon album du monsieur. On était pas loin de se désoler d'un tel petit gâchis.

Et puis, parfois, ça arrive, les choses qu'on souhaite profondement arrivent, et les artistes font exactement ce qu'on attend d'eux. Ainsi, miraculeusement, Exit est l'album qu'on attendait, celui qui aurait du sortir après son premier essai, celui qui montre avec brillance le talent total de son géniteur, et qu'il est absolument parfait d'écouter en ce moment, avec l'automne qui vient de vous tomber dessus et les feuilles mortes qui colorent les trottoirs. Grand carnaval de sons et d'émotions, ce troisième album va beaucoup plus loin que ses prédécesseurs en offrant une musique magnifique, d'une richesse étonnante, remplie de petits détails plus géniaux les uns que les autres. Pour s'en rendre compte, il n'y a qu'à écouter le morceau le plus immédiat et puissant de l'album, Green Rain : Shugo Tokumaru réussi à mêler au sein d'un même morceau des rythmiques irrégulières, des mélodicas qui s'envolent tout les sens, un refrain entêtant d'une légèreté totale, et au milieu de cette valse de sons un long passage calme et mélancolique au piano. Cette musique est complexe ; elle est à la fois immédiatement touchante, mais elle se révèle lentement, morceaux par morceaux, en véritable mélange d'émotions qu'est cet album. Parsemé de petits passages instrumentaux qui semblent être des mélanges étranges de pop des 60's transposée dans un univers enfantin aux milles sonorités, cet album est à la fois traversé par une unité d'ambiance absolument délicieuse, comme un longue fin d'après-midi paresseuse que l'ennui ne mine pas, mais est aussi un joli kaléidoscope sonore un peu foutraque : Sanganichi a un coté folk au coin du feu avec ses petits claps mais juste après ça, on tombe sur l'hilarant D.P.O., sorte de morceau rock'n'roll de poche entièrement accoustique et absolument génial, avec xylophones et ukulélé endiablé.

Ce n'est pas contradictoire ni tant surprenant que ça, tout est absolument à sa place ici, les morceaux vont toujours dans le bon sens. Shugo Tokumaru pousse d'ailleurs encore plus loin l'ambition avec le morceau La La Radio, qui se transforme progressivement de jolie ballade avec des mandolines en véritable mini-montée quasiment post-rock (!!!) avant d'exploser sur une coda éblouissante et pop. Ce qui est fascinant ici, c'est que cette musique très inspirée par la folk américaine (il suffit d'entendre le dernier morceau, Wedding, avec son banjo et sa guitare qui aurait pu être jouée par John Fahey) garde quand même un coté étonnant et original car absolument japonais, et loin de moi l'idée ici de vouloir faire mon colonialiste amateur de japonaiseries. Il y a quelque chose dans la manière dont les mélodies sont agencées et les accords se succèdent qui peut clairement faire dire, pour peu qu'on écoute régulièrement des songwriters venus de l'archipel, qu'il y a un certain type d'écriture folk tout à fait propre à ce pays, une certaine originalité musicale qui fait ainsi naitre des albums comme celui-ci, en dehors de tout, perdus entre l'est et l'ouest pour créer autre chose.

En ce moment même sur Paris, il fait gris et un vent froid vient se cogner aux vitres. On est en plein milieu de l'après midi mais le soleil est noyé dans les lourds nuages, et nous voilà presque obligés d'allumer les lampes pour lire, tant l'obscurité glacée s'immisce dans les maisons. Mais c'est exactement dans cette situation que la musique de Shugo Tokumaru révèle sa qualité la plus formidable et attachante : elle est la chose la plus chaleureuse qui peut parvenir aux oreilles et les nappes de sonorités boisées d'un morceau comme Parachute font l'effet d'une véritable couette musicale, à écouter bien emmitouflé, partagé entre le rire et la douce mélancolie.

Émilien.

un lien vers votre nouvel ami : www.myspace.com/shugotokumaru

Lien vidéo de l'album :
Le clip bizarre tout en collages absurdes de Green Rain.