vendredi 22 février 2008

[Tourne Disque] : A Silver Mt. Zion - 13 Blues For Thirteen Moons

Label : Constellation Records
Sortie : 10 Mars 2008
5/5









A Silver Mt. Zion (nommé Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra & Tra-La-La Band sur ce disque), est un des nombreux groupes issus du géant Godspeed You! Black Emperor, et anime toujours avec force le brasier Post Rock du label Constellation basé à Montréal.

Cet album est le genre de disque fleuve, qui intimide par sa durée (1 heure, 4 morceaux de 13 à 16 minutes) et son flot de déflagrations sonores. Mais il ne faut pas se laisser impressionner par cette structure formelle, car la musique de A Silver Mt. Zion se veut tout sauf bizarroïde et difficile d’accès. Se laisser emporter dans leur univers peut se révéler être une expérience fascinante, surtout pour les non initiés.

13 Blues For Thirteen Moon est bien plus qu’un énième disque de Post Rock (musique majoritairement instrumentale, jouant beaucoup sur un climat de tension qui monte en crescendo pour aboutir à des plages d’explosions sonores). A Silver Mt Zion cultive plus que jamais sa singularité, avec une musique d’une densité dramatique rare, où les violons et guitares électriques sont accompagnés de chœurs et de chants omniprésents.

Au milieu des lamentations en chœurs, le chant d’Efrim Menuck, parfois crié, voire psalmodié, est traversé par une émotion véritable et vidée de toute substance technique. Cette voix faite d’imperfections laisse transparaître une humanité presque perturbante pour l’auditeur, qui ne peut qu’être envahie par cette passion démesurée.

Bâtis autour d’une solide formation guitare/basse/batterie accompagnée de 2 violons électriques et d’un violoncelle, les nombreux thèmes de l’album évoluent sur des paysages sonores à la fois rugueux et éclatants, sans cesses mouvants, tenus par une intensité percutante. Les nappes de violons et les guitares tissant ces textures sonores arrivent comme de longues suppliques : on est en territoire sonore brut et menaçant, mais qui laisse toujours place à de délectables instants méditatifs. Car, fait rare dans notre actuel monde musical systématiquement construit sur une efficacité immédiate : 13 Blues For Thirteen Moons est une musique qui respire et utilise à merveille le silence afin de créer un climat de tension.

Cet album n'en est finalement pas un, 13 Blues For Thirteen Moon est un long cri qui ne finit pas et qui réanime notre foi dans la musique profondément traversée par des âmes débordantes de vie.

François.

jeudi 14 février 2008

[Tourne Disque] : Sébastien Tellier - Sexuality

Label : Record Makers
Sortie : 25 Février 2008
1/5








Sexuality est un titre assez prometteur; encore faut-il assumer ce que l’on prétend. Tout de suite, un héritage séculaire me revient, Sexual Healing de Marvin Gaye, Sexuality de Prince... Espérons que Sébastien honore ses aïeuls.

Ça commence mal! Roche, le premier titre, sonne comme une blague, une grosse blague tant c’est caricatural. Le chant est mièvre, édulcoré, sur-léché; une sorte de RnB français mélangé avec ….avec je ne sais pas en fait; au point que certains ont osé (à tort ?) faire la comparaison avec du M.Pokora. Je me demande parfois si ce n’est pas volé. Mais ce qui surprend c’est que Sexuality va tellement loin, en fait tellement trop, et prend tellement les gens pour des cons que ça en devient à la longue intéressant, parfois même drôle. En témoigne le titre Pomme, qui se voulait apparemment sexuel mais qui n’a de ferme, rond et dur que sa basse, élément qui pour moi constitue l’unique intérêt du morceau.

Sexuality est kitsch mais pas dans le bon sens du terme. Il veut faire de l’ancien avec du vent. Un peu comme si on avait voulu greffer un moteur de Twingo dans la K2000 de David Hasselhoff. C’est comme ces vieux clips qui passent en rétrospective sur MCM. On est sur la plage, il y a un garçon, une fille, ils courent et ont l’air heureux. Un moment dans le champ apparaît une espèce de mec-à-mèche posant son « flow » sur des nappes de synthé en carton pâte. Et ça, Sébastien y arrive vraiment bien (Look). Le gros problème est que ça va deux secondes, 2/3 chansons, mais au delà ça en devient chiant, tellement chiant qu’on en vient à considérer l’album entier comme médiocre.

Sexuality me fait donc l’effet d’un soufflet. On appréhende beaucoup pendant la préparation. On le surveille dans le four toutes les 5 secondes. Puis à la sortie, ça retombe, c’est plat, l’intérêt n’y est plus. En fait ce qui me gène le plus c’est qu’en se voulant sexuel et chaud Sexuality sonne comme un album froid, inhabité, fantomatique dirait François. Une espèce de gros mensonge qui montre bien les limites de l’album, un pétard mouillé.

A la fin, une sensation de déjà vu, de trop vu, d’archi vu. On associe souvent Tellier à Cosma; Tellier rejoint son maître en cela que Sexuality pourrait être une bonne B-O. B-O d’un film qui, heureusement, n’existe pas.

Christopher.

http://www.myspace.com/telliersebastien
Extrait vidéo de l'album :
Sébastien Tellier - Sexual Sportswear

lundi 4 février 2008

[Tourne Disque] : The Mars Volta - The Bedlam In Goliath

Label: Universal Motown Records, Gold Standard Laboratories
Sortie : 29 Janvier 2008
5/5








Peu de superlatifs suffiraient à qualifier ce nouveau Mars Volta. Tout y est poussé, grandiloquent, exagéré, expérimenté. Il me fait un peu l’impression d’un Bitches Brew de Miles Davis : on prend les meilleurs, on lance la sauce et on voit comment ça prend. Le tout est dense, liquoreux, on est à la substance de la substance.

Difficile donc à la première écoute d’appréhender la bête. On se croirait dès le début en milieu d’album. Il n’y a pas réellement d’introduction ni de structure générale. The Bedlam in Goliath fait donc fort, un peu trop même. Mars Volta semble s’affranchir de toute considération commerciale et cherche à pousser l’auditeur dans ses retranchements.

Tenter de décrire l’album relèverait du mémoire. Les 12 morceaux qui le constituent sont chacun une dissertation d’expérimentation. L’un va proposer une dizaine de fins alternatives, l’autre va être pure violence et un dernier une vraie leçon de groove. Le tout entrecoupé de passages saxo free bruitistes à la Coltrane, de flûte à vent légère, presque aérienne. Le chant est déstructuré, hurlé, parfois à l’extrême.

Mars Volta livre son album le plus dérangé et le plus accéléré. Une heure et quart de furie qui passe à une vitesse folle, laissant à l’auditeur une sensation de tornade.

Christopher.

http://www.myspace.com/themarsvolta
Extrait audio de l'album :
The Mars Volta - Agadez