mardi 29 janvier 2008

[Tourne Disque] : Radiohead - In Rainbows

Label : EMI
Sortie digitale : 10 Octobre 2007
Sortie matérielle : 31 Décembre 2007
5/5








Après 4 ans d’absence et une trilogie d’albums sombres et exigeants (Kid A, 2000 ; Amnesiac, 2001 ; Hail To The Thief, 2003), Radiohead revient en bouleversant l’industrie du disque (avec leur système du « pay what you want ») et en nous gratifiant d’un album purement lumineux, comme s’ils étaient libérés de la noirceur de leurs expérimentations antérieures.

Ce septième album surprend déjà par sa structure inédite, quelque peu déstabilisante lors des premières écoutes. Après un premier morceau (15 Steps) très dense par son beat infernal et ses nombreuses textures sonores, et un second (Bodysnatcher) très rock, entêtant, presque noisy, l’album se poursuit et se termine dans une atmosphère bien plus aérienne et apaisée. In Rainbows, c'est l'évasion, la contemplation et la beauté (toutefois aventureuse dans certaines parties) après la tempête.

En réalité les morceaux d’In Rainbows sont dans l'ensemble plus accessibles, moins sombres et moins mélancoliques que ceux de la trilogie, avec un espace sonore plus aéré. Ils n'en sont pas moins passionnants à écouter et à décrypter : avec des compositions toujours aussi libres et riches, loin du format couplet/refrain, Radiohead colore sa musique de cordes raffinées et de subtiles arpèges de guitares tendant au rêve. Les nombreuses trouvailles se dévoilent délicatement au fil des écoutes : les voix d’enfants en furie samplé de 15 Steps, la ligne de basse surmixée et lancinante dans All I Need, les boucles de guitares syncopées dans Faust Arp, et les discrètes utilisations des ondes Martenot jalonnant l'album et sublimant chaque morceau. Et cela nous conforte dans l’idée que Radiohead, après 15 ans d’existence, a encore quelque chose à dire, sans aucune prétention.

Radiohead nous offre avec In Rainbows quelques unes de leurs plus belles chansons (Nude, Faust Arp), avec comme pilier central Reckoner, magnifique pop song intemporelle, planant inlassablement au dessus de nos têtes avec ses mélodies cycliques majestueuses, portées tout du long par de multiples percussions vivifiantes.

François.

www.myspace.com/radiohead
Extrait vidéo de l’album :
Radiohead – 15 Steps

dimanche 20 janvier 2008

[Tourne Disque] : The Black Angels - Passover

Label : Light In The Attic
Sortie : 3 Décembre 2007
3/5









On nous bassine depuis 2001 avec le retour du Rock, et lorsque que le groupe le plus seventies du moment sort son premier album, on l'ignore délicatement. Ce groupe Texan (au nom plutôt ridicule, mais issu d'un morceau du Velvet Underground) nous sort un premier disque psychédélique convaincant et très envoûtant.

L'atmosphère, maladive et poisseuse, est servie par une batterie lourdement lancinante et des guitares noisy aux boucles répétitives, et fait immédiatement penser à l'ambiance qui se dégage de l'album White Light/White Heat du Velvet Underground (sans forcément en atteindre l'intensité). La machine à drones brillamment utilisée par le groupe achève de nous hypnotiser et cet ensemble nous emmène tout droit vers les contrées dangereuses de l'ouest américain mises en scène dans les meilleurs westerns contemplatifs. Le chanteur quant à lui apporte beaucoup à cette machine psychédélique, avec son chant sensuel et profondément habité. Il est rare aujourd'hui d'entendre un chant aussi élégant et aérien, qui ne tombe pas dans la grandiloquence.

L'album souffre néanmoins de la relative linéarité de ses morceaux (sans surprises) à la structure classique. Afin d'atteindre un palier de psychédélisme plus intense, le groupe aurait gagné à prendre plus de risques (on aurait aimé par exemple à être surpris par un peu plus de folie, et pourquoi pas par de petites expérimentations inventives). Mais cela n'empêche pas l'auditeur d'être fasciné par l'univers très passéiste et mystique de ces six Texans.

François.

http://www.myspace.com/theblackangels
Extrait vidéo de l'album :
The Black Angels - The Prodigal Sun

samedi 12 janvier 2008

[Tourne Disque] : Burial - Untrue

Label : Hyperdub
Sortie : 26 Novembre 2007
1/5








Alors le voici, l'album electro de 2007, issue de la scène Dubstep, et tant acclamé par la critique. A quoi ressemble donc ce "Massive Attack des années 2000"? A une musique d'ambiance furieusement ennuyante. Burial tente de nous fasciner avec ses nappes atmosphèriques plombantes, ses beats crépitants identiques d'un morceau à l'autre, et son chant soul irritant. Tout l'album est infesté de ces vocalises rnb/soul vaporeuses et bidouillées au vocoder, et les mélodies faiblardes se résument à de constantes montées expressives (encore une fois toutes identiques les unes des autres). Et ces compositions fumeuses sont aussi imprécises et grossières que les dessins de votre petit frère de 3 ans.

La musique de Burial est finalement aussi insignifiante que la Lounge écoutée par les clubbers en pré-soirée, et on peine à voir le rapprochement entre l'émotion inexistante que nous procure Untrue à celle intense et passionante que nous offraient Portishead et Massive Attack. C'est donc bien une musique fantomatique, c'est à dire vide.

François.

http://www.myspace.com/burialuk
Extrait audio de l'album:
Burial - Raver

vendredi 11 janvier 2008

[Tourne Disque] : Battles - Mirrored

Label : Warp
Sortie : 14 mai 2007
5/5








Groupe le plus neuf et déjanté de 2007 (voire de la décennie), les Battles laissent les influences et le "trop de sérieux" de côté, et inventent une nouvelle grammaire musicale avec leur premier album Mirrored.

Si on voulait définir simplement leur musique savante et futuriste (ce qui est très difficile, tellement on est dans des contrées nouvelles et étonnantes), on pourrait la considérer comme de la musique expérimentale dansante, de la pop moderne, jubilatoire et teintée d'un groove imparable. En effet, la musique de Battles est extrêmement vivante : on oscille entre des rythmes de transe hypnotiques (Atlas), des rythmes africains (Leyendecker) et des rythmes bien plus agressifs (Race In). L'auditeur est sans cesse déstabilisé par un son, une mélodie ou un rythme nouveau toutes les 30 secondes, à l'écoute des ces tubes expérimentaux aux structures complexes et libres (les idées musicales sont parfaitement agencées et lisibles, pas de fourre-tout abscond et inutile ici). Le groupe Battles a donc oublié le sérieux et la froideur des premiers EP, pour créer dans ce premier album un univers riche et coloré, rempli de voix expressives gonflées à l'helium et de psalmodies cartoonesques, de lignes de guitares/claviers obsédants qui se parlent et se répondent, le tout mené par un batteur bionique et martial à la puissance et à la précision étourdissante.

Cette œuvre d'avant garde polyrythmique, ludique et dansante, marquera la musique pop des années 2000's, qui se cherche inlassablement un genre nouveau et fédérateur, mais qui échoue constamment (soit trop underground ou élitiste : le Post Rock, soit trop bancal et en manque de disques majeurs : la New Rave). Battles a réussi à créer cette musique extraterrestre tant recherchée, à la fois innovante (on fait un saut de 10 ans dans le futur) et attirante (la transe qui se dégage de leur musique fait succès, comme en témoigne le nombre impressionnant de consultations de leur clip Atlas sur Youtube).

Le Math Rock a enfin trouvé son étendard avec Mirrored, qui prouve que la musique extrême et compliquée peut être fun, resplendissante et sautillante.

François.

http://www.myspace.com/battlestheband
Extrait vidéo de l'album :
Battles - Atlas